Grâce à une étude d’impact et à la mise en place d’indicateurs spécifiques, la Fondation du patrimoine entend protéger le patrimoine naturel tout autant que le patrimoine bâti.
France. L’article du code du patrimoine détaillant les missions de la Fondation du patrimoine le précise explicitement : cet organisme à but non lucratif doit contribuer à la sauvegarde des « espaces naturels ou paysagers menacés de dégradation ». C’est ainsi qu’en 2009, la fondation a créé le programme « Patrimoine naturel et biodiversité », qui a jusqu’à présent permis de soutenir plus de 350 projets.
« À l’échelle de ce que nous avons fait autour du patrimoine bâti, c’est évidemment beaucoup moins important », reconnaît Alexandre Giuglaris, directeur général adjoint de la Fondation du patrimoine et prochain directeur général à partir du 1er octobre. Dans l’optique de renforcer ses actions pour la sauvegarde du patrimoine naturel, l’organisme multiplie donc, depuis deux ans, les initiatives en faveur de l’éco-rénovation du bâti et de la biodiversité. L’année dernière, la fondation a fait réaliser, à l’aide d’experts indépendants (le cabinet I Care et l’agence Ecozimut), une étude pour mesurer l’impact environnemental des projets qu’elle soutient.
85 % des répondants (représentants de collectivités territoriales, institutions, mécènes, donateurs, élus, porteurs de projets…) estiment que la Fondation du patrimoine devrait renforcer son action pour le patrimoine naturel et déclarent qu’elle a un rôle important à jouer pour sa préservation grâce à son ancrage territorial. « Nous travaillons dans des territoires ruraux, où la fondation est identifiée, confirme Alexandre Giuglaris. Elle peut donc convaincre ou sensibiliser des publics qui, aujourd’hui, sont un peu éloignés des problématiques environnementales. » La consultation révèle également que la fondation est attendue autant sur la restauration de bâtis éco-responsables (une priorité selon 36 % des répondants), que sur la préservation des espaces naturels (cela devrait être sa première préoccupation pour 35 % des interrogés).
Dans le cadre de cette étude, dix indicateurs ont aussi été créés afin d’évaluer chaque projet, parmi lesquels le nombre d’hectares d’espaces naturels gérés durablement (751 hectares en 2022), le nombre d’espèces par projet dont l’environnement est préservé ou restauré (810 espèces de faune et de flore en moyenne en 2022), ou encore la part des éco-matériaux (50 % en 2022) ou des matériaux locaux dans les travaux de rénovation. « La création de ces indicateurs de suivi va permettre de mieux sélectionner nos projets et d’observer leurs évolutions et leurs impacts de façon plus efficace, résume Alexandre Giuglaris. Dès cet automne, les projets qui seront sélectionnés devront renseigner au moins un des indicateurs », annonce-t-il.
L’année dernière, les 17 lauréats du programme « Patrimoine naturel et biodiversité » se sont partagé une dotation d’un million d’euros pour réaliser leurs projets d’éco-rénovation de patrimoine bâti et de sauvegardes d’espaces naturels sensibles, pour lesquels les dons sont moins fréquents. « L’arrachage de plantes invasives dans une tourbière, ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus sexy !, sourit Alexandre Giuglaris. Selon nos interlocuteurs, l’aide de la donation est souvent essentielle et déterminante. » En effet, si le programme est en partie financé grâce au mécénat de Primagaz, les actions environnementales de la Fondation du patrimoine fonctionnent dans une grande mesure sur ses fonds propres (1,5 million d’euros en 2023). « L’objectif est de mobiliser le mécénat et la collecte de dons sur ces projets, et d’aller chercher des financements publics pour renforcer notre action », explique Alexandre Giuglaris.
Ce dernier est confiant quant à l’implication à venir des donateurs et mécènes dans ces projets environnementaux. 93 % des personnes interrogées lors de l’étude d’impact font un lien entre patrimoine bâti et patrimoine naturel. « L’un comme l’autre est tout aussi important, et les deux sont indissolublement liés », explique le directeur général. Le soutien de la fondation à des projets écologiques a donc vocation à devenir plus conséquent. La fondation espère même faire baisser la consommation énergétique dans le pays, notamment grâce à son label. Attribué à des propriétaires privés de bâtiments anciens en zones rurales, il atteste de l’intérêt patrimonial d’un site et de la qualité de ses travaux de rénovation. « Nous voulons faire évoluer ce label, pour qu’il puisse, à terme, bénéficier à des travaux de rénovation énergétique. Il deviendrait une sorte d’éco-label, dont le niveau d’exigence serait aligné sur les bâtiments de basse consommation », poursuit Alexandre Giuglaris.
Le bâti ancien représente en effet un tiers des logements en France, dont une grande proportion est considérée comme « passoire thermique ». Partie prenante des réflexions actuellement engagées sur le sujet au Sénat, la Fondation du patrimoine milite pour que la rénovation du bâti ancien soit adaptée à la transition énergétique, tout en respectant les spécificités de ce patrimoine en évitant, par exemple, les isolations par l’extérieur et la disparition de façades au cachet remarquable.
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L’éco-rénovation désormais au programme de la Fondation du patrimoine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°617 du 22 septembre 2023, avec le titre suivant : L’éco-rénovation désormais au programme de la Fondation du patrimoine