Collection

Le retour des œuvres prodigues

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 19 avril 2002 - 419 mots

En 1997, pour protester contre la signature par la Suisse de la convention Unidroit, les chefs-d’œuvre impressionnistes et du début de l’art moderne de la collection Rudolf Staechelin avaient été retirés du Kunstmuseum de Bâle. Ils y reviennent aujourd’hui, mais avec un nouveau statut.

BÂLE - Dix-sept chefs-d’œuvre du début du siècle, parmi lesquels Nafea Faa ipoipo (Quand te maries-tu ?) (1892) de Paul Gauguin, Le Jardin de Daubigny (1890) de Vincent Van Gogh, La Maison du docteur Gachet à Auvers (1873) de Cézanne, mais aussi des Corot, Degas, Fantin-Latour, Manet, Matisse, Monet, Pissarro et Renoir, viennent de réintégrer le Kunstmuseum de Bâle, après un séjour de quatre ans et demi au Kimbel Art Museum de Fort Worth, au Texas (lire le JdA n° 45, 10 octobre 1997).

Ces tableaux sont issus de la collection de Rudolf Staechelin (1881-1946), un industriel bâlois, qui réunit cet ensemble en très peu d’années au début du siècle dernier, principalement entre 1917 et 1921. Soucieux à la fois de préserver ses œuvres et d’assurer un bel avenir à ses héritiers, il créa le 4 septembre 1931 une fondation de famille de droit suisse à laquelle il transféra la propriété de l’ensemble de sa collection de tableaux. Pendant cinquante ans, une sélection de ces chefs-d’œuvre fut mise en dépôt au Kunstmuseum de la ville et intégré au parcours du musée. Mais, en 1997, pour protester contre la signature par la Suisse de la convention Unidroit et contre la politique fédérale sur la circulation des œuvres d’art, Ruedi Staechelin, le petit-fils de Rudolf, décida soudainement de retirer les tableaux de Suisse pour les mettre en dépôt au Kimbel Art Museum de Fort Worth. Cette mesure, prise pour marquer les esprits, fut malheureuse pour le musée bâlois qui perdait ainsi une partie des fleurons de ses salles consacrées à l’art de la fin du XIXe siècle. Si la question de la convention Unidroit n’est toujours pas réglée en Suisse, et alors que se profile déjà une nouvelle loi fédérale sur le transfert international des biens culturels, les œuvres de la collection Staechelin reviennent en Suisse avec un nouveau statut qui est censé les protéger. Elles font en effet aujourd’hui partie d’un “trust” régi par la loi américaine.

Mis en dépôt à Bâle dans un premier temps pour une durée de huit ans, les tableaux sont réunis jusqu’au mois de juin dans une salle du Kunstmuseum pour une présentation exceptionnelle. Les œuvres seront ensuite réintégrées dans les collections de “l’Öffentliche Kunstsammlung Basel” (Collection publique d’art de Bâle).

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°147 du 19 avril 2002, avec le titre suivant : Le retour des œuvres prodigues

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