SAINT-GERMAIN-EN-LAYE - Installé dans le château de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), le Musée d’archéologie nationale (MAN) célèbre son 150e anniversaire avec l’inauguration d’espaces rénovés, des travaux de restauration et de nombreux projets en perspective.
« Il est temps de se débarrasser de l’image poussiéreuse dont le musée souffre. Ce n’est pas d’une rénovation dont il est question aujourd’hui, mais bien d’une «recréation» », martèle Francis Roche, le nouveau secrétaire général du musée. Cette « recréation » a commencé par la fusion du musée avec le domaine de Saint-Germain-en-Laye, où il a été installé en 1867 pour accueillir les fouilles du site d’Alésia menées sous Napoléon III. Le domaine était géré jusque-là par la direction régionale aux Affaires culturelles, ce qui empêchait sa gestion directe par le musée. Désormais, les deux entités sont liées sous la forme d’un seul et même SCN (service à compétence nationale) et non d’un établissement public – un statut incompatible avec cette institution qui compte 100 000 visiteurs par an dont 70 % de scolaires.
Construit par François Ier à partir de 1539 sur les bases d’un ancien château du XIIe siècle, et achevé par son fils Henri II, le château fut réaménagé par Louis XIV qui confia à Le Nôtre le soin de redessiner parterres et jardins. Le domaine réputé pour sa grande terrasse embrassant la vallée de la Seine va faire l’objet de soins intensifs échelonnés dans le temps. Priorité a été donnée à la mise aux normes de sécurité, avec notamment le comblement des carrières. Les jardins conçus par Le Nôtre devraient retrouver leur état originel, connu dans le détail grâce aux archives du musée. D’ici à 2013, les douves seront ouvertes à la visite, avant que ne démarre la restauration des façades du château, programmée jusqu’en 2018. Il faudra ensuite s’attaquer à la rénovation interne de chaque corps de bâtiments, avec pour contrainte des budgets serrés…
Muséographie épurée
Malgré la volonté affichée de faire peau neuve, la refonte du musée se poursuivra donc au même rythme que depuis le début des années 2000 : lentement mais sûrement. Le grand projet d’une rénovation globale lancée dans les années 1990 n’avait pas pu voir le jour pour de nombreuses raisons : des budgets trop justes, des lourdeurs administratives, un chantier rendu complexe par la situation du musée au sein d’un monument du XVIe siècle, le tout sur fond de querelles internes. Arrivé en 1996 à la tête du musée, Patrick Périn (qui partira à la retraite au mois de juillet) avait alors opté pour une rénovation progressive, entre 1999 et 2004, consistant à transformer les vitrines et redistribuer les collections des salles de l’âge du fer, de l’âge du bronze et de la galerie Paléolithique, ce qui a été fait. Fermée depuis neuf ans, l’aile gauloise a, à son tour, été revue. Elle doit être inaugurée par le ministre de la Culture le 8 mars. Cet espace, qui représente 25 % du parcours permanent, a bénéficié d’une nouvelle muséographie résolument « contemporaine et épurée », comme la définissent les deux responsables scientifiques de l’opération, Laurent Olivier, conservateur en chef du département des âges du fer, et Joëlle Brière, assistante de conservation. Au total, 1 350 objets y sont présentés (dont une majorité d’inédits) pour témoigner du raffinement de la civilisation gauloise. La reconstitution d’une armée gauloise en marche contre Jules César dans une vitrine de plus de 4 mètres de long ou la présentation du char de Roissy font partie des temps forts du parcours.
Outre la restauration du château, le grand chantier à venir au MAN concerne les réserves du musée. « Les réserves sont partout dans le château, car le musée abrite plus de 2 millions de pièces, dont seulement 30 000 sont exposées. L’idée est de créer des réserves à Saint-Germain-en-Laye, à proximité du musée où se trouvent les archives correspondantes », explique Patrick Périn. La création d’un pôle scientifique en partenariat avec la Ville se profile ainsi à l’horizon. L’idée serait d’en mutualiser les services avec un « Centre de conservation et d’étude » (CCE), ce type d’unité destiné à la préservation et à la valorisation scientifique des résultats des travaux d’archéologie préventive, lesquels se sont intensifiés ces dernières années. Diverses possibilités sont en cours d’étude pour un arbitrage au printemps prochain. Le centre tel qu’il est actuellement envisagé se déploierait sur 9 000 mètres carrés, où l’Institut national de recherches archéologiques préventives et les services archéologiques des collectivités territoriales concernées pourraient déposer les fruits de leurs fouilles. Le musée pourrait en exposer des éléments et aborder des thèmes apparus récemment tels que l’habitat ou l’archéologie urbaine. « Régler le problème des réserves permettrait aussi de lancer une grande opération de récolement à l’échelle des collections avec des personnels spécialement dévolus », ajoute Patrick Périn. Les espaces ainsi libérés laisseraient vacants 2 000 mètres carrés au profit des espaces d’exposition du musée… Un argument de taille pour convaincre la tutelle qui s’est engagée à soutenir le musée s’il développe une politique globale en faveur des publics.
Surface d’exposition : 2 500 m2 (dont 400 m2 pour les expositions temporaires)
Nombre de visiteurs annuels : 100 000
Nombre d’employés : 100 (89 ETP)
Château, place Charles-de-Gaulle, 78105 Saint-Germain-en-Laye, tél. 01 39 10 13 00, www.musee-archeologienationale.fr, tlj sauf mardi 10h-17h15, 10h-18h15 le week-end.
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Le nouveau MAN
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°363 du 17 février 2012, avec le titre suivant : Le nouveau MAN