Situés à l’ombre de Notre-Dame de Paris, les locaux de ce musée consacré à l’histoire du monument risquent d’être récupérés par l’archevêché.
PARIS - Dans la plus grande indifférence, le musée de la Cathédrale Notre-Dame de Paris vit ses derniers jours d’ouverture au public. Les locaux exigus, qu’il occupe depuis sa fondation en 1951, sont sur le point d’être récupérés par l’archevêché (propriétaire des murs) si rien n’est tenté d’ici les trois prochains mois pour maintenir sa présence, pourtant à deux pas du monument médiéval le plus visité de la capitale.
Les espaces libérés par la fermeture du musée sont convoités par le diocèse qui souhaite y regrouper ses services administratifs. Informée verbalement de cette décision, la Société des Amis de Notre-Dame, présidée par Alain Erlande Brandebourg, ancien directeur des Archives nationales et ancien conservateur du Musée du Moyen Âge, recherche depuis désespérément de nouveaux espaces pour abriter les collections de l’unique musée parisien d’art et d’histoire religieux.
À défaut d’une nouvelle adresse à proximité de la cathédrale, les milliers de documents historiques et iconographiques (tableaux, dessins, gravures, sculptures, mobilier liturgique et objets d’art) se rapportant à l’histoire séculaire de la « paroisse de la France » seront mis en caisse avant l’automne. Et comme le rappelle, à juste titre, la conservatrice du musée, Anne-Marie Joly, « un musée en caisse est un musée à demi-mort ».
La fermeture prochaine du petit Musée Notre-Dame (120 m²) soulève un malentendu plus grand que celui de la dispersion de ses collections, en vérité, modestes et mal agencées. En effet, le désintérêt du cultuel pour le culturel a privé Paris d’un grand musée de l’œuvre dont s’enorgueillissent la plupart des grandes cathédrales européennes, comme celles de Madrid ou de Strasbourg.
Il fut un temps où la Société des Amis de Notre-Dame rêvait d’un lieu unique qui regrouperait les collections lapidaires, celles du Trésor, des archives de la cathédrale et du musée de la rue du cloître, curieusement méconnu. Cette réunion légitime en un lieu approprié aurait permis d’accueillir, par exemple, les fameuses têtes couronnées de la galerie des rois retrouvées en 1975 au pied de la façade de Notre-Dame. Il faut aujourd’hui traverser la Seine pour venir les admirer, loin de la cathédrale, au Musée national du Moyen Âge, thermes et hôtel de Cluny.
Privé de lieu et bientôt de ressources suffisantes (la Ville de Paris a coupé depuis bien longtemps les subventions, autrefois de 15 000 francs par an), le Musée Notre-Dame ne peut plus assurer une présentation convenable ni la sécurité de ses collections. Dans de telles conditions d’abandon, il est sans doute préférable qu’il passe la main aux employés de l’archevêché. À moins qu’un miracle ne se produise, ce qui est toujours possible à l’ombre d’une cathédrale…
Musée Notre-Dame, 10, rue du Cloître Notre-Dame, 75004 Paris, tél. 01 43 25 42 92, ouvert mercredi, samedi, dimanche et jours féries de 14h30 à 18h
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Le Musée Notre-Dame enterré ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°280 du 25 avril 2008, avec le titre suivant : Le Musée Notre-Dame enterré ?