AMIENS
En chantier depuis 2006, le musée des beaux-arts devrait rouvrir en décembre prochain, offrant des espaces agrandis et une nouvelle entrée.
Amiens. Les bâtiments modulaires installés devant les grilles et le grand portail du Musée de Picardie, en face de la préfecture de la Somme, ont disparu pour laisser place aux engins de terrassement du futur jardin du musée, signe de l’avancement du chantier entamé en 2016.
À la réouverture du musée en décembre prochain, le visiteur n’entrera plus par le grand portail et les escaliers rue de la République, mais longera le musée pour parvenir au pavillon Maignan, rue Puvis-de-Chavannes. Ce changement, pensé par les architectes et muséographes Catherine Frenak et Béatrice Jullien, lauréates du projet en 2012, n’est pas le seul, mais il est symbolique d’un musée qui achève une révolution en renouant avec le Musée de Picardie, tel qu’il se présentait à la fin du XIXe siècle.
« Au départ, il faut comprendre que le chantier ne devait concerner que le premier étage », explique Laure Dalon, directrice des Musées d’Amiens depuis février 2017. La jeune femme, qui fut conservatrice des collections beaux-arts au musée avant un passage à la Réunion des musées nationaux, a pris les commandes d’un chantier largement pensé et mené par son prédécesseur Sabine Cazenave, dès les études de programmes en 2011. Si à l’origine, la rénovation du musée portait sur la construction d’une extension technique et la réhabilitation du premier étage du musée, fermé depuis une dizaine d’années, le chantier a ruisselé sur le musée dans sa totalité : « il a fallu dérouler le fil du confort de visite », résume Laure Dalon. Les mises aux normes, l’accessibilité, les reprises de toitures ont largement agrandi le périmètre du chantier.
Le bâtiment, sorte de « prototype de musée » construit entre 1855 et 1867, a largement souffert des aménagements du XXe siècle, perdant au fil des décennies ses décors, ses couleurs, ses ouvertures et ses verrières. Même si le palais a été conçu pour être un musée, une innovation pour l’époque, ses espaces d’accueil et de circulation étaient clairement sous-dimensionnés pour un musée du XXIe siècle. Le bâtiment est classé au titre des Monuments historiques en 2012, à l’orée d’un chantier qui a un triple objectif : résoudre les désordres d’un bâtiment dont la dernière grande intervention remonte à 1992, construire une extension de 1 500 m2 pour les espaces pédagogiques et techniques, et faire le lien entre les XIXe et le XXIe siècles en restaurant les décors et en concevant une nouvelle muséographie dans le bâtiment historique de près de 5 000 m2. Le budget est serré pour cette opération de grande ampleur : 26 millions d’euros (TTC), abondé pour moitié par Amiens Métropole, propriétaire des lieux.
L’originalité du projet des architectes réside dans le choix du pavillon Maignan pour implanter l’entrée et l’espace d’accueil du musée. Ce bâtiment en briques et pierres, construit entre 1910 et 1927 à l’arrière du musée, retrouve une impression de légèreté, dépouillé des scories du temps et d’un toit en pente au profit d’un toit végétalisé. Le pavillon fera dorénavant le lien entre l’aile contemporaine et le palais historique.
À l’intérieur de celui-ci, artisans, menuisiers et conservateurs-restaurateurs s’activent encore. Au premier étage, les parquets, qui n’avaient jamais subi d’intervention, sont repris et restaurés. Surtout, les larges salles du XIXe siècle retrouvent progressivement des couleurs. Avant le chantier, des sondages ont révélé la présence des décors originaux du musée sur les murs, les boiseries et les plafonds du musée, recouverts dans le courant du XXe siècle de plusieurs couches de peintures blanches et beiges. Le travail des restaurateurs révèle « des décors, hommages permanents à la Picardie » jusque dans les voussures des plafonds, selon la directrice. Dans la rotonde dite de l’Impératrice, ce décor peint constitue une œuvre d’art à part entière : « ce sera une découverte, même pour les habitués », se réjouit Laure Dalon dans cette salle qui a retrouvé ses tonalités sombres et ses motifs végétaux.
En avril, l’extension contemporaine a été réceptionnée en fond de parcelle : le bâtiment en béton préfabriqué, sobre et fonctionnel, accueille un auditorium de 80 places, un atelier pédagogique, un atelier de restauration et les bureaux de l’administration. Pour le pavillon Maignan et le palais historique, le gros œuvre sera achevé au cœur de l’été. Le Musée de Picardie rouvrira en décembre.
Malgré un nom qui rattache ce musée d’art et d’archéologie à l’univers des musées d’histoire et de société, son nom restera inchangé : « à une époque où la Picardie n’existe plus administrativement, le musée assume sa double identité territoriale et nationale » assure sa directrice, qui réfléchit déjà à un nouveau cycle de restauration dans la Galerie d’honneur et au rez-de-chaussée du musée dès 2020.
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Le Musée de Picardie va bientôt rouvrir
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°526 du 21 juin 2019, avec le titre suivant : Le Musée de Picardie va bientôt rouvrir