Le Musée Bargoin, au centre du « plan musées » clermontois

Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Rénovation de l’Hôtel-Dieu en une grande bibliothèque métropolitaine, création d’une cité du court métrage : les grands investissements culturels ne manquent pas à Clermont-Ferrand. À ces deux projets phares, la programmation pluriannuelle des investissements 2022-2023 de la métropole auvergnate ajoute un « plan musées » pour les six établissements muséaux dépendant de la collectivité. Le premier à bénéficier de cette vague de rénovations sera le Musée Bargoin, pour devenir pleinement le musée archéologique de la ville.

Finie donc la cohabitation entre les collections archéologiques et le fonds de textile (initié par l’acquisition d’une collection de tapis dans les années 1980). Le nouveau projet porté par Marie Bèche-Wittman, directrice du musée, veut être une interface entre les fouilles menées en Auvergne et les habitants de la métropole : « C’était déjà l’esprit du parcours permanent remanié en 2016, être en phase avec la recherche et faire du musée une vitrine pour l’actualité archéologique, précise-t-elle. L’archéologie préventive a explosé ces dernières années sur le bassin clermontois, et les connaissances se renouvellent sur l’âge du bronze, la période romaine. » Le parcours pourra même s’étendre au-delà, jusqu’au XXe siècle.

Cette clarification répond à une demande des visiteurs, en attente d’un lieu dédié à l’archéologie locale, mais aussi à la récente labellisation « Ville d’art et d’histoire » de Clermont-Ferrand. Le projet scientifique et culturel, encore en construction, est conçu à l’aune de la notion de territoire. « On envisage le Musée Bargoin d’abord pour les habitants, explique Cécile Dupré, directrice des musées et du patrimoine clermontois. Ce sera le vaisseau amiral d’un réseau de territoire, complémentaire avec d’autres équipements, comme le Musée Henri Lecoq, à 50 mètres, qui traite cette histoire locale sur les temps géologiques. » La préfiguration d’un centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine dans une bibliothèque jouxtant les deux musées pourrait compléter cette offre concentrée dans quelques rues.

Un premier chantier d’importance a eu lieu au Musée Bargoin, avec la rénovation de la salle des ex-votos retrouvés au sanctuaire gaulois de la Source des Roches en 1968, un trésor archéologique qui montrait des signes de dégradation. Inauguré en septembre dernier, le nouvel écrin muséographique est également un mini-centre de conservation, destiné à offrir les conditions hygrométriques particulières qu’exigent ces artefacts en bois gorgés d’eau : un projet « high-tech » à 1,8 million d’euros.

Le chantier à venir sera plus large, portant sur l’ensemble des salles, de la muséographie, mais aussi sur une rénovation d’ampleur du bâtiment de 1903. Ce vaste projet reste suspendu à deux échéances. La première est l’inauguration d’un centre de conservation destiné aux six musées métropolitains (un investissement de 19 millions d’euros), prévue au printemps 2026. Les équipes du Musée Bargoin s’attellent déjà au chantier des collections, réparties dans de nombreux sites, en préparation du déménagement des réserves dans le nouveau centre. Les collections textiles rejoindront en partie le Musée d’art Roger Quilliot, pour un dialogue entre les œuvres occidentales et les tissus orientaux. Seconde échéance, les élections municipales de 2026, qui pourraient rebattre les cartes du « plan musée » en cas d’alternance. Cécile Dupré reste toutefois optimiste, rappelant que ce plan a été voté à l’unanimité de l’Assemblée métropolitaine. « En termes d’investissement, l’ambition n’a pas baissé », constate-t-elle.