FONTAINEBLEAU
Gratuit et ouvert à tous pendant trois jours, le Festival de Fontainebleau met le climat au cœur de ses débats.
Durant trois jours, du 2 au 4 juin, Fontainebleau devient la capitale de l’histoire de l’art, à l’occasion du Festival de l’histoire de l’art, organisé par le Château de Fontainebleau et l’Institut national de l’histoire de l’art (INHA).
Chaque édition s’articule autour d’un pays invité et d’un thème, inspirant des échanges scientifiques et culturels internationaux entre chercheurs, artistes, conservateurs, cinéastes, éditeurs et acteurs du monde de l’art. Pour cette 12e édition, le festival met à l’honneur une thématique contemporaine, le climat.
Des ciels rouges de Turner dénonçant la pollution de la Révolution industrielle aux blocs de glace de l’Ice Watch d’Olafur Eliasson, les artistes ont souvent fait du climat, de ses aléas et de ses changements plus profonds, un sujet à part entière. De plus en plus concrets, les enjeux climatiques figurent depuis plusieurs années au cœur des manifestations et des débats. C’est donc sans surprise que le Festival de l’histoire de l’art en fait son thème principal en 2023.
Le ton du festival est donné dès la conférence inaugurale prononcée par l’architecte-paysagiste Bas Smets : il est temps d’agir. Bas Smets souligne l’urgence de préparer la ville à la crise du climat et la nécessité d’inventer un « paysage augmenté » en utilisant les logiques de la nature pour créer un nouveau microclimat et de nouvelles atmosphères. Autour de cette recherche, les artistes et les scientifiques joueront un rôle central.
« Aujourd’hui, les artistes ne se contentent plus d’être les témoins du paysage. Ils en deviennent les acteurs », explique Bas Smets. Il cite notamment Anne Teresa De Keersmaeker, chorégraphe et danseuse, qui présente pendant trois jours une performance intitulée « Sand/Encore 1Eté », aux côtés de Synne Elve Enoksen. Cette performance s’inspire de la forêt de Fontainebleau, ou plus précisément des écrits militants de George Sand qui a pris la plume en 1872 pour défendre Fontainebleau menacée de déforestation et prédire avec une précision étonnante les excès du capitalisme et la réalité du dérèglement climatique – destruction de la couche d’ozone, disparition des forêts, assèchements des sols…
Une conférence, « Les artistes sont-ils climatologues ? », s’interroge sur la façon dont les artistes se sont appropriés les nouvelles connaissances et outils scientifiques face aux changements quotidiens de la météorologie et les changements climatiques à plus long terme, à partir de la fin du XVIIIe siècle.
Le Festival de l’histoire de l’art organise également le débat sur la transition écologique des bâtiments muséaux, la prise en compte de l’empreinte carbone dans le choix des projets des commissaires d’exposition et le lieu de conservation des collections afin de faire face aux risques climatiques.
Cette édition met parallèlement à l’honneur la Belgique avec une programmation multiple, présentant des artistes célèbres tels que Jan Van Eyck, Rubens, Pieter Bruegel l’ancien ou encore René Magritte. Durant cette édition, le festival entend explorer l’histoire de l’art belge en dehors des analyses traditionnelles et faire résonner ces œuvres avec les enjeux climatiques de notre époque. Ainsi, une table ronde intitulée « Revisiter et réviser Rubens » met en lumière de nouvelles découvertes archivistiques sur les paysages tardifs du maître flamand, qui soulignent l’aménagement à grande échelle des paysages de l’époque moderne, rappelant les défis posés par le changement climatique au XXIe siècle.
Ce sont au total quelque 200 événements qui se tiennent autour de la Belgique et du climat : conférences, tables rondes, projections cinématographiques, visites guidées, ateliers d’initiation à certaines pratiques artistiques comme le dessin et de cours d’histoire de l’art. Sans oublier les rencontres entre étudiants et professionnelles et le rituel Salon du livre et de la revue.
En marge du Festival, le Château de Fontainebleau présente l’exposition « Grandeur nature », qui propose un parcours d’art contemporain, un atelier land art, ainsi qu’une visite méditative d’œuvres dans le jardin Anglais, jusqu’au 17 septembre.
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Le Festival de l’histoire de l’art fait sa transition écologique
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