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Le comité scientifique des Offices de Florence démissionne en bloc

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · lejournaldesarts.fr

Le 28 février 2020 - 544 mots

FLORENCE / ITALIE

Ses membres protestent contre le prêt du portrait de Léon X pour l’exposition Raphaël à Rome. 

La Galerie des Offices à Florence. © Photo Dalibro, 2016, Pixabay license.
La Galerie des Offices à Florence.
Photo Dalibro, 2016

La plus grande exposition jamais organisée en l’honneur de Raphaël est épargnée, pour l’instant, par le Coronavirus. Elle est en revanche déjà touchée par les polémiques avant même d’avoir été inaugurée le 5 mars prochain aux Scuderie del Quirinale à Rome. Ses visiteurs pourront admirer 204 œuvres, dont 120 de la main du maître disparu il y a tout juste cinq siècles, provenant de 54 musées.

Raphaël (1483-1520), Portrait du pape Léon X, huile sur bois, 154 × 119 cm, Musée des Offices, Florence, Italie
Raphaël (1483-1520), Portrait du pape Léon X, huile sur bois, 154 × 119 cm, Musée des Offices, Florence, Italie
Photo Wikimedia

Parmi eux le musée des Offices de Florence qui détient de nombreuses toiles emblématiques de la production de Raphaël dont le Portrait du Pape Léon X qui a pris le chemin de Rome. Un prêt qui est dénoncé par le comité scientifique du musée florentin qui a démissionné collectivement. Il s’en explique dans une lettre adressée à la direction des Offices et au ministre de la Culture. Selon ses signataires, le tableau se trouvait sur la liste des 24 « œuvres identitaires » que le comité scientifique avait établi le rendant ainsi inamovible. « Nous apprenons aujourd’hui par la presse que contrairement à la décision du comité du 9 décembre, le tableau a été prêté et se trouve déjà à Rome, peut-on lire dans la missive. Nous estimons que nous charger pendant des mois d’établir une liste pour ensuite ne pas appliquer notre décision rend vaine l’existence du comité. La démission du comité scientifique du plus important musée italien rend inéluctable une nouvelle réflexion et une redéfinition du rôle des comités scientifiques. »

Ces organismes consultatifs avaient été institués en 2014 dans le cadre de la réforme lancée par le ministre de la culture Dario Franceschini accordant une large autonomie aux grands musées italiens. Leur rôle est de vérifier et d’approuver, en accord avec le conseil d’administration du musée, les politiques de prêts et l’organisation des expositions. L’un des principaux membres du désormais ex comité scientifique des Offices est l’historien de l’art Tomaso Montanari pourfendeur des grandes expositions qu’il juge inutiles, et farouche opposant du déplacement des œuvres qui fait, selon lui, peser un risque sur leur sécurité.

« Après la restauration effectuée par l’Opificio delle Pietre Dure, le portrait de Léon X est en parfait état et absolument en mesure de voyager, explique son surintendant Marco Ciattti. Si toutes les conditions et les requêtes pour sa préservation et son transfert sont respectées il n’y aucune raison qu’il subisse le moindre dommage ». C’est l’avis également du directeur des Offices qui avait pourtant refusé que trois toiles de Léonard de Vinci dont il a la charge, prennent la route de Paris pour la grande exposition du Louvre. Il invoquait à l’époque les mêmes raisons que le comité scientifique qu’il dénonce aujourd’hui. « Je revendique pleinement le patriotisme de ma décision à la différence de ce qui a été suggéré par le comité scientifique. La grande exposition sur Raphël est un événement historique qui représentera un grand motif d’orgueil pour l’Italie dans le monde entier. Le portrait de Léon X ne pouvait pas manquer. Je suis fier de cette collaboration extraordinaire avec les Scuderie del Quirinale en prêtant une cinquantaine d’œuvres pour une exposition qui entrera dans l’histoire de la muséologie mondiale. Le comité scientifique ne nous manquera pas. Il se consacrait à des batailles idéologiques et à des polémiques politiciennes ».

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