Le Christ vert de Maurice Denis acquis par le musée d'Orsay

Si ce chef-d'œuvre a figuré dans les expositions consacrées à l'artiste, de son vivant, il était resté chez Maurice Denis, montré seulement aux amis. Sauf quand il circulait sans doute dans le groupe des Nabis (Cérusier, Bonnard, Vuillard, Denis,...) qui se réunissait pour rénover l'art moderne.

Cette acquisition est le fruit d'une vente de gré à gré auprès de la famille Denis. N'étant pas une vente publique, le prix n'a pas été communiqué.

« Le Christ vert est la plus radicale des œuvres de l'artiste et, à ce titre, sans équivalent dans sa peinture et dans l'art de la fin du XIXe siècle », a expliqué le musée.

La figure de Jésus est essentielle dans l'œuvre de Denis, chez qui vocation artistique et sentiment religieux sont indissociables. Peint en 1890, le tableau vient clore une période de remise en question. Alors que le jeune homme veut se faire moine-peintre comme Fra Angelico, la découverte de la vie de l'Atelier « avec sa frivolité et sa débauche » et la renonciation à la vie monastique le plongent dans un profond dilemme.

C'est en 1889 que Denis identifiera la voie qui lui permettra d'unir « le Cloître » et « l'Atelier »: « Je crois que l'art doit sanctifier la nature ; je crois que la vision sans l'Esprit est vaine ».

La force du tableau est d'être à la fois simple et mystérieux. Le vert est, comme dans Les Arbres verts (1893, musée d'Orsay), associé à la spiritualité. Il rappelle Le Christ vert de Gauguin.

Cette œuvre enrichit un ensemble de peintures nabis et post-impressionnistes, le plus complet au monde. Cette acquisition permet de réaffirmer un peu plus la place de Maurice Denis et des Nabis dans une histoire des avant-gardes, où ils n'ont trouvé leur place qu'à partir des années 1960.

Cet article a été publié par l'AFP le 19 juin 2020.