Royaume-Uni - Musée

Le British Museum refuse un scan 3D des « marbres d’Elgin »

Par Paul Bérat · lejournaldesarts.fr

Le 31 mars 2022 - 376 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Une équipe de scientifiques voudrait scanner les marbres pour les reproduire à taille réelle. Le musée s’oppose au scan.

La salle du British Museum présentant les marbres des frises du Parthénon
La salle du British Museum présentant les marbres des frises du Parthénon
Photo Andrew Dunn, 2004

L’Institut d’archéologie numérique (DIA) d’Oxford va faire appel via la voie judiciaire de la décision « arbitraire » et « capricieuse » du British Museum de lui interdire le scan en trois dimensions des marbres du Parthénon, dits aussi « marbres d’Elgin ». 

Fondée en 2012 par son actuel directeur Roger Michel, professeur à l’université de droit de Boston, l’Institut d’archéologie numérique d’Oxford se donne pour mission « d’étudier, de préserver et de restaurer des artefacts anciens à un moment où un grand nombre d’objets irremplaçables sont sous la menace évidente d’être perdus à jamais ». Son nouveau projet : scanner en 3D les sculptures en marbre du Parthénon conservées au British Museum pour les reproduire en volume, avec une précision submillimétrique et dans le marbre pentélique (d’où sont extraits les originaux). Ceci grâce à un « robot sculpteur » qui a déjà permis au DIA de recréer, à Trafalgar Square, l’Arc de Triomphe de Palmyre, détruit en 2015 par Daech. 

« Notre objectif est de donner aux gens une chance de voir à quel point une copie peut être extraordinaire », a déclaré Roger Michel. Il s’agirait peut-être aussi, selon certains, d’aider à résoudre le conflit qui oppose les dirigeants du British Museum aux Grecs depuis plus de 200 ans. Tandis que les premiers clament leur légitime propriété des « marbres d’Elgin », les seconds demandent la restitution d’un bien qui leur a été « volé ». Ainsi les originaux, murmure-t-on, pourraient revenir à Athènes et les copies rejoindre le musée londonien. 

Peter Higgs, le conservateur du département des antiquités grecques et romaines du British Museum admet qu’un tel travail de reconstitution en trois dimensions des « marbres d’Elgin » pourrait « débloquer de nouvelles découvertes ». Cependant, le musée a refusé l’intervention de l’Institut d’archéologie numérique. 

Michel Rogier et son équipe se sont alors rendus au musée avec des « Ipad sous stéroïdes » pour scanner les « marbres d’Elgin ». Le British Museum s’est dit très surpris d’apprendre que des scans avaient été réalisés en ses murs et à son insu : « Toute activité de ce type constituerait une violation de nos réglementations relatives aux visiteurs », a-t-il déclaré dans un communiqué. Le DIA dit avoir agi dans son bon droit : « les directives autorisent pleinement et exactement ce que nous avons fait »
 

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