OSLO / NORVÈGE
Le musée est critiqué pour son allure pesante et son inadéquation avec les œuvres du peintre norvégien.
Oslo. Réunir ses œuvres dans un musée unique était l’une des volontés d’Edvard Munch. Celles-ci étaient jusqu’alors hébergées dans un bâtiment vieillissant, qui a été la cible d’un cambriolage spectaculaire en 2004, lors duquel la version la plus célèbre du Cri avait été dérobée. Mais, depuis le 22 octobre, le vœu du peintre norvégien prend la forme d’une haute tour de cinquante-quatre mètres et treize étages, située dans un quartier des docks d’Oslo en pleine restructuration. À peine inauguré, le nouveau musée suscite de vives réactions.
Le bâtiment monolithique jouxte l’opéra de la ville inauguré en 2008, dessiné par le cabinet Snøhetta, dont le dessin horizontal s’intègre au paysage urbain des anciens docks. La revue spécialisée Domus se félicite de la juxtaposition de cette architecture paysagère avec le « totem » monumental consacré à Munch, conçu par le cabinet espagnol Estudio Herreros. Pour relever le défi de ce nouvel équipement culturel, « les architectes [ont amené] deux solutions différentes et complémentaires », souligne-t-on dans les colonnes de la revue d’architecture.
Cette appréciation positive du MUNCH [son appellation commerciale] contraste avec le flot de critiques qui ciblent le musée, préfigurées par les nombreuses vicissitudes du projet durant sa conception, et les mises en garde d’historiens de l’art locaux. Le directeur de l’opéra d’Oslo s’inquiétait ainsi, dès 2010, des proportions de son futur voisin. Contempteur de longue date du nouveau musée, l’historien de l’art norvégien Tommy Sørbø a réitéré avec force ses réserves lors de l’inauguration, au micro de l’AFP : « Le hall d’entrée ressemble à celui d’un aéroport, d’un hangar, d’un hôtel ou d’un centre commercial ; absolument rien dans le choix des couleurs et des matériaux n’indique que le lieu abrite l’un des plus grands artistes au monde. » Le critique d’architecture britannique Olivier Wainwright est tout aussi sévère : « Le lieu semble avoir été conçu pour gérer les hordes [de visiteurs] aussi efficacement que possible, assène-t-il dans les colonnes du Guardian, c’est une atmosphère d’aéroport aux sols gris, murs gris, plafonds gris, dont les balustrades en verre, les finitions d’acier et les résilles en aluminium complètent une palette froide et clinique. » S’engouffrant également dans la comparaison aéroportuaire, l’architecte norvégien Gaute Brochman juge l’aéroport international d’Oslo « plus aimable » que le nouveau musée, dans le quotidien norvégien Dagbladet.
Interrogé par le même quotidien, le directeur du MUNCH, Stein Olav Henrichsen s’est dit « content des débats » suscités par l’architecture des lieux. « Oubliez tout ce que vous savez sur les musées, ceci est quelque chose de totalement différent », prévenait ce dernier lors de la conférence de presse inaugurale. Le lieu aspire à devenir un argument touristique majeur pour la ville, avec l’objectif d’un demi-million de visiteurs chaque année.
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L’architecture du nouveau Musée Munch d’Oslo décriée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°576 du 29 octobre 2021, avec le titre suivant : L’architecture du nouveau Musée Munch d’Oslo décriée