LANGRES
Langres est une véritable pépite patrimoniale. La sous-préfecture de la Haute-Marne recèle en effet un patrimoine exceptionnellement dense et particulièrement bien préservé, s’échelonnant de l’époque gallo-romaine au XIXe siècle.
La commune peut même se vanter d’être la toute première à avoir décroché le label de Ville d’art et d’histoire. Campée aux portes de la Champagne et de la Bourgogne, cette puissante cité fortifiée est assurément l’une des plus belles de l’Hexagone, avec ses trois kilomètres et demi de remparts ponctués de tours d’artillerie et d’impressionnantes portes. Cette vaste enceinte fortifiée renferme quantité d’églises remarquables et de superbes hôtels particuliers, ainsi que deux « musées de France ».
Pourtant, la richesse artistique et architecturale de Langres demeure encore un secret bien gardé. Afin de doper sa notoriété, et de partager ses trésors avec le plus grand nombre, la cité propose une saison culturelle foisonnante mettant en lumière son âge d’or : la Renaissance. Centre religieux de premier ordre dans la région et place forte face au Saint-Empire romain germanique, Langres possède alors une importance stratégique. À sa tête, elle a logiquement un puissant prélat extrêmement influent, Claude de Longwy. Duc et pair de France, cet évêque est un proche de la famille royale. Pour asseoir son prestige, il entreprend d’importants travaux, notamment dans la cathédrale Saint-Mammés, et encourage activement le mécénat. Sa cité s’impose alors comme un dynamique foyer culturel et une plaque tournante de l’imprimerie. Deux artistes du cru s’illustreront particulièrement à travers ce nouveau médium : les graveurs Jean Duvet et Joseph Boillot. Le premier, qui était par ailleurs orfèvre du roi François Ier, est l’auteur d’une célèbre Apocalypse illustrée. Cette œuvre singulière et terriblement expressive sera largement diffusée à l’époque. Tout comme l’extravagant bestiaire gravé par Boillot. Dès le XVIe siècle, la cité de seulement 8 000 âmes compte de nombreux collectionneurs et même des antiquaires. Cette vitalité attire inévitablement d’ambitieux artistes et des architectes, dont l’Italien Dominique Florentin qui sculpte notamment un somptueux jubé. Cette construction, hélas démantelée, est en partie reconstituée au Musée d’art et d’histoire et deux sculptures de ce jubé ont été identifiées au terme d’une rigoureuse enquête.
Locomotive de cette saison culturelle, l’exposition reconnue d’intérêt national offre en effet un passionnant panorama des artistes actifs à Langres durant la Renaissance [Musée d’art et d’histoire, jusqu’au 7 octobre]. Fruit de plusieurs années de recherche, elle rassemble 175 peintures, gravures, sculptures, manuscrits et éléments d’architecture. Cette vaste manifestation, la plus grande jamais organisée par le musée, met notamment en lumière des œuvres disséminées dans les collections et les monuments locaux. L’exposition est en effet une invitation à rayonner dans la cité et ses alentours pour découvrir les sites majeurs du XVIe siècle comme la chapelle d’Amoncourt, la tour du Petit Sault ou encore la maison Renaissance. Cette dernière constitue d’ailleurs une halte incontournable car elle dévoile son exceptionnel studiolo sculpté. Ce cabinet de travail, fermé depuis plus de trente ans, vient de bénéficier d’une profonde restauration. De nombreuses manifestations, des plus érudites aux plus festives, ponctuent également la saison. Visites guidées, animations ou encore spectacles de théâtre de rue : le public a l’embarras du choix. Afin d’expérimenter le patrimoine de manière insolite et conviviale, les visiteurs sont même invités à participer à des nocturnes gourmandes, mariant découverte de l’architecture et spécialités culinaires locales.
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Langres en pleine Renaissance
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Langres en pleine Renaissance