États-Unis - Mécénat - Musée

La Smithsonian refuse de supprimer le nom Sackler d’un de ses musées

Par Antonin Gratien · lejournaldesarts.fr

Le 3 juillet 2019 - 430 mots

WASHINGTON D.C. / ETATS-UNIS

Un sénateur américain avait réclamé qu’un lieu portant le patronyme associé au scandale sanitaire soit débaptisé.

Arthur Sackler Gallery Smithsonian Washington © Isomorphic
Arthur Sackler Gallery au Smithsonian à Washington.
© Isomorphic, 2005

« Le nom Sackler n’a pas sa place dans une institution publique », avait assené Jeff Merkley dans une lettre adressée le 19 juin à Lonnie Bunch, le nouveau directeur de la Smithsonian Institution.  En cause, la société pharmaceutique Purdue Pharma détenue par la famille Sackler qui est responsable, via la commercialisation de son opiacé antalgique Oxycotin, du décès d’au moins 100 000 personnes par overdose aux Etats-Unis depuis sa mise en vente en 1996.

« La famille Sackler a rendu accroc des milliers d’américains à leur produit par une compagne marketing agressive et mensongère », souligne Jeff Merkley. Aujourd’hui, plus de 1500 procédures judiciaires collectives sont engagées contre Purdue Pharman dans 35 Etats américains.

Face à une escalade d’indignations, plusieurs institutions culturelles qui bénéficiaient du mécénat de la famille Sackler se sont désolidarisés de leurs bienfaiteurs, à l’exemple de la National Portrait Gallery, du Guggenheim New York, de la Tate Modern et du Met qui refusent désormais de recevoir leur argent.

Tel n’est pas le cas – pour l’instant – de la Smithsonian Institution, qui avait nommé l’un de ses musées du nom d’Arthur Sackler, membre de la famille décédé en 1987. Cet honneur était dû à la donation en 1982, d’un millier d’objet chinois ainsi que d’une somme de 4 millions de dollars.

En réponse au courrier de Jeff Merkley, Lonnie Bunch a affirmé qu’il partageait les préoccupations du sénateur et que « la question Sackler était examinée de longue date par la Smithsonian Institution ». Mais il a indiqué qu’un accord à « perpétuité » avait été conclu avec Arthur Sackler lors de l’appellation du musée, rendant impossible toute modification.

Manifestation menée par Nan Goldin pour réclamer la débaptisation de l'aile Sackler du musée du Louvre, le 3 juillet 2019 - Copyright photo P.A.I.N
Manifestation menée par Nan Goldin pour réclamer la débaptisation de l'aile Sackler au musée du Louvre, le 3 juillet 2019
© P.A.I.N

Très polémique aux Etats-Unis, le « cas Sackler » s’est invité en France. Lundi 1er juillet, une trentaine de manifestants menés par Nan Goldin, ex accroc à l’Oxycotin et figure de proue de la contestation anti-Purdue Pharme, étaient rassemblés dans la cour du Louvre.

Scandant « Sackler, on meurt, le Louvre couvre », les militants exigeaient que l’institution débaptise « l’aile Sackler » (aile des antiquités orientales), ainsi nommée depuis 1996 en contrepartie d’un don de 10 millions de francs (1,5 million d’euros). Le musée, qui spécifie n’avoir accepté aucune opération de mécénat avec la famille Sackler depuis 1997, ne serait pas contraint légalement à conserver cette appellation, selon Libération.

Les protestataires alertaient également sur les risques d’une crise sanitaire dans l’Hexagone. En juin, une centaine de médecins tiraient la sonnette d’alarme dans un article du JDD. Ils précisaient que 12 millions de Français consommaient des médicaments opiacés sans être convenablement informés sur les risques.

Manifestation menée par Nan Goldin pour réclamer la débaptisation de l'aile Sackler du musée du Louvre, le 3 juillet 2019 - Copyright photo P.A.I.N
Manifestation menée par Nan Goldin pour réclamer la débaptisation de l'aile Sackler du musée du Louvre, le 3 juillet 2019
© photo P.A.I.N

 

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