Quinze après la découverte d’un pan de mur d’époque carolingienne, le château de Mayenne rouvre ses portes. Doté d’une nouvelle extension, ce musée de site présente les résultats des fouilles menées « in situ ».
Confortablement niché derrière ses remparts datant du XIIIe siècle, le château de Mayenne aurait pu longtemps rester un banal édifice historique comme la région des Pays de La Loire en compte par centaines. Inscrit dans la vie quotidienne des Mayennais, pour lesquels le site fait partie du paysage urbain, le château devait se transformer en centre d’art et d’expositions axées sur l’art contemporain en 1993. Trois mois avant l’inauguration, le projet de reconversion passe brutalement à la trappe. Perceuse en main, un électricien tombe nez à nez avec une arcade carolingienne, soit antérieure de deux siècles à la date présumée de fondation du château. Dès lors, les interventions d’archéologues se sont succédé pour aboutir à un arrêté du ministère de la Culture, déclarant le site d’intérêt national en 1995. Menées par une entreprise privée britannique – l’appel d’offres à l’échelle européenne avait alors créé un tollé –, les fouilles se sont déroulées de 1996 à 2000, révélant des traces d’occupations du site remontant au Bas Empire romain (235-476).
Devant l’ampleur des découvertes, la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) charge Jacques Naveau, conservateur départemental de l’archéologie et des musées, de rédiger un projet scientifique et culturel. Aujourd’hui, le château conjugue les atouts d’un musée de site, où les différentes étapes de transformations de l’édifice sont retracées à grands renforts de dispositifs audiovisuels très réussis, et d’un musée archéologique abritant des collections d’origines diverses (lire l’encadré ci-contre). Le parcours muséographique alterne salles vides, pour la leçon d’architecture, et espaces d’expositions dans celles d’intérêt architectural moindre. Ces espaces auraient d’ailleurs mérité une scénographie plus aérienne. Grises et massives, les vitrines ne s’accordent pas du tout avec le reste des aménagements sur un plan esthétique et ne permettent pas toujours une observation optimisée des objets présentés. Heureusement, ces vitrines, contrairement au château, ne traverseront pas les siècles. Même la basse-cour a été redessinée pour accueillir un jardin d’essences typiquement médiévales. Mais l’aspect le plus marquant de ce réaménagement demeure la nouvelle extension imaginée par l’architecte Philippe Madec. Sous ses faux airs de spa finlandais, la structure en chêne massif – construite sur pilotis pour faciliter d’éventuelles fouilles en sous-sols et arborant le label HQE (Haute Qualité Environnementale) – est dévolue à l’accueil des publics (auditorium, espaces pédagogiques, billetterie, boutique...).
Un large public attendu
Comme pour tous les établissements récents, l’attention a été portée sur l’accompagnement des visiteurs. Il est même envisagé une action coordonnée entre le musée et le centre d’art contemporain de la Chapelle des Calvairiennes, à Mayenne. Alors que ce dernier devait ouvrir au château en 1993, le centre a dû attendre 1998 pour trouver un espace adéquat pour l’accueillir. Il se distingue depuis par sa programmation originale et dynamique drainant un large public. Le musée entend en effet travailler de conserve avec les institutions culturelles du département telles le site romain et le Musée archéologique de Jublains et le site paléolithique de Saulges. Situé aux confins de la Bretagne et de la Normandie, le château ouvrira ses portes au public le premier jour de l’été. L’attente des Mayennais, longue de quinze ans, est à son comble.
Histoires et jeux Riche d’objets issus des collections de l’ancien Musée de Mayenne fermé en 1976, et de pièces résultant de fouilles menées in situ, le parcours muséographique s’articule en trois parties. Après l’évocation de l’histoire de la ville de Mayenne, la section sur le Moyen Âge en Mayenne met en avant l’importance de la production potière dans le département à cette époque. Point d’orgue de la présentation, l’ensemble de pièces de jeux en os retrouvé sur le site, dont une magnifique tabula, tablier de jeu ancêtre du backgammon. Un musée municipal Le musée du château appartenant à la Ville de Mayenne, son financement est entièrement pris en charge par la mairie. Le budget de fonctionnement annuel vient d’être établi à 350 000 euros. La DRAC des Pays de la Loire a bien entendu financé la majeure partie des travaux de réaménagement – d’un total de 4 millions d’euros (hors taxes), dont 1,2 million financé par la ville. 20 000 visiteurs par an sont attendus, une fois retombé le phénomène de curiosité lié aux trois premières années d’exploitation.
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La renaissance du château de Mayenne
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Abonnez-vous dès 1 €Place Juhel, 53100 Mayenne, tél. 02 43 00 17 17, www.museeduchateaudemayenne.fr, tlj 9h-18h en juin, puis 10h-19h jusqu’à la fin du mois d’août
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°284 du 20 juin 2008, avec le titre suivant : La renaissance du château de Mayenne