La Monnaie de Paris confortée dans ses choix

Paris. Trois ans après la fin des expositions d’art contemporain, la programmation culturelle de la Monnaie de Paris, plus en phase avec son identité, a trouvé son rythme de croisière. Le Musée de la Monnaie, qui a perdu son curieux nom de Musée du « 11 Conti » qui lui avait été affublé à sa réouverture en 2017, a ainsi dépassé en 2022 sa fréquentation d’avant-Covid (65 000 personnes contre 50 000 en 2019). Le musée expose un ensemble d’objets en relation avec la frappe de monnaie, moins appétissants pour les amateurs d’art contemporain que les monographies sur Maurizio Cattelan ou Kiki Smith, mais certainement plus conformes aux attentes des acheteurs de monnaies de collection qui viennent sur le site.

Les thèmes des récentes expositions indiquent une certaine constance comme en témoignent leurs titres : « Zoom sur les 20 ans de l’euro », « Monnaies & merveilles » (2022), « L’argent dans l’art » (actuellement). Enhardi par le succès d’estime et parfois de fréquentation de cette programmation, Marc Schwartz, le président-directeur général de la Monnaie, (sans doute aussi limité par les possibilités du sujet) s’autorise à emprunter des chemins de traverse pour 2024 (« Flipper, jeux d’arcade, jeux d’argent »), et même à faire le grand écart avec une exposition sur le peintre Georges Mathieu en 2025. Il est vrai que l’artiste touche-à-tout avait dessiné en 1974 la pièce de 10 francs. « Nous ne sommes pas le Palais de Tokyo, il nous faut respecter l’esprit des lieux, les salariés se sentent plus en phase avec ce projet », explique le P.-D.G. pour justifier le changement de ligne éditoriale. Il a pour ce faire constitué un comité scientifique et culturel composé de plusieurs personnalités extérieures.

« Nous ne sommes pas le Palais de Tokyo » ? Pas tout à fait, puisque la Monnaie dispose de 1 000 mètres carrés dans son palais ainsi que plusieurs cours (lesquelles permettent d’accueillir 2 000 personnes) au cœur de Paris, suscitant l’intérêt de nombreux organisateurs d’événements. Aussi, comme le Palais de Tokyo, elle privatise ses espaces comme elle l’a fait récemment avec la foire Asia Now (un contrat de trois ans), ou comme elle le fera le 14 juillet prochain pour le bal des pompiers.

Les recettes tirées des activités culturelles (1,3 M€ en 2022) ne représentent que 1 % du chiffre d’affaires de la Monnaie [lire l’encadré], mais elles permettent de faire vivre le lieu et surtout d’entretenir l’image patrimoniale de ses activités au bénéfice de son activité de ventes de monnaies et médailles de collection, la raison d’être de « la plus ancienne entreprise du monde ».