Créteil Soleil un mercredi de pluie, les collégiens en banc ont fui ceux de leurs salles de classe. Les gars avec les gars, les filles avec les filles.
On se regarde, on s’alpague pour le geste et sans grâce, mais on s’ignore souvent ; comme la semaine d’avant et comme la prochaine. Le jour blanc, plus vif encore que les inesthétiques néons anesthésiants, finit par se montrer tout au bout du tunnel commercial. Débarquement Porte 25, des encapuchonnés montent la garde sur la dalle de béton. Aux armes de Créteil, zinc au repos, la place est encaissée entre les monadnocks montés en socle/bloc au début des années 1970. Le nouveau Créteil, c’est Monument Valley avec une croix de Lorraine au général Koening en guise de Chevauchée fantastique. La traversée du lac – puisque les jours ondés l’esplanade Allende, mouillée, miroite à nous faire décoller les semelles – se poursuit jusqu’à la Mac, Maison des arts et de la culture bâtie au futur antérieur. Bunkerisée en 1975 dans une architecture de Jean Faugeron, la scène nationale a depuis lors pris de nouvelles couleurs. Dessiné sans meurtrières au-dessus du vrai lac de Créteil, le château fort a gagné dans ses aménagements de grandes baies vitrées. De la culture sans fenêtres ? L’idée a passé son chemin. Il n’y a plus guère que les centres commerciaux que l’on tient loin du jour. Ainsi donc, la Maison irradie jusqu’au fond de sa fosse, « la piscine » comme l’appellent les souris. À son ventre, les murs défilent avec une étonnante dramaturgie. Un dédale de loges, enroulé dans les volutes des rideaux, cintré par des portants en attente d’une charge, embarrassé par les grosses caisses d’un orchestre ou les chinoiseries d’une compagnie de l’ombre, défile en travelling avant. Pas de temps mort, le spectacle est vivant ! On pourrait, dirait-on, s’y promener des heures sans voir jouer deux fois la même représentation. En coulisse, les tableaux s’enchaînent aussi bien que sur scènes – la Mac évidemment n’en manque pas : l’une « satellite » avec gradins télescopiques pour permettre au public, comme aurait dit Descartes, de voir beaucoup plus loin que n’a coutume d’aller l’imagination. L’autre « petite », offerte aux créations les plus impétueuses. Et la dernière enfin, ogre « mélodramivore » capable d’avaler sans sourciller neuf mètres de décor, un ballet Preljocaj et même le Cyrano de Pitoiset avec son cap, son roc, sa péninsule.
1, place Salvador- Allende, Créteil (94). Métro Créteil préfecture.
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www.maccreteil.com
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La Maison des arts et de la culture
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°666 du 1 mars 2014, avec le titre suivant : La Maison des arts et de la culture