MADRID / ESPAGNE
Méconnue de la plupart des Madrilènes et négligée depuis des décennies, cette muraille médiévale va bénéficier d’un programme de réhabilitation municipal.
Madrid. La Mairie de Madrid veut redonner son importance à la muraille arabo-chrétienne, aussi appelée mur chrétien, aujourd’hui laissée à l’abandon. Elle compte acquérir l’ensemble des terrains sur lesquels des parcelles de murs subsistent, afin de les revaloriser par l’ajout d’espaces verts aux alentours.
Une première muraille construite à l’époque arabe de Madrid cernait environ quatre hectares. Quelques années après la reconquête chrétienne de la ville en 1083 s’est ajoutée une immense muraille chrétienne. Bâtie entre les XIIe et XIIIe siècles sur 2 200 mètres de long à partir d’un pan de la muraille arabe, pour une enceinte totale de 33 hectares, la muraille chrétienne comprenait un solide complexe défensif construit avec des blocs de calcaire et renforcé plus tard par les travaux des mudéjars, les musulmans d’Espagne devenus sujets des royaumes chrétiens après le XIe siècle, pendant la « période de tolérance » (XIe-XVe siècles). Peu à peu démolie au rythme des expansions urbaines de Madrid, son tracé exact a été très discuté par les historiens au cours des siècles, quelques plans et dessins d’urbanisme réalisés entre les XVIe et XIXe siècles étant connus, sans qu’une référence officielle ne soit néanmoins fixée.
Environs quatre-vingts tours, dont plusieurs tours albarranes, des tours défensives détachées des murs de défense auxquelles elles sont reliées par un pont ou des arcatures, ainsi que quatre entrées, ont été identifiées. Les quatre portes sont nommées respectivement Puerta de Moros (sur la plaza de Los Carros), Puerta de Balnadú (à hauteur du théâtre royal), Puerta Cerrada, située sur la place du même nom, et Puerta de Guadalajara, installée sur la rue principale du fait de son emplacement favorable aux échanges commerciaux. Sur la façade d’un édifice situé sur l’actuelle place de la Puerta Cerrada, la devise « J’ai été construit sur l’eau, mes murs sont de feu » a été peinte en référence à la muraille dont la pierre, lorsque celle-ci était frappée, provoquaient des étincelles.
Vestiges municipaux en péril
La muraille arabo-chrétienne, dont les vestiges ont été classés monument historique et artistique en 1954, a été ajoutée sur la liste rouge du patrimoine en péril de l’association Hispania Nostra, consacrée à la défense, au sauvetage et à la valorisation du patrimoine culturel et naturel espagnol. Les vestiges conservés sur des propriétés privées ont été restaurés et sont en très bon état ; il est même possible d’en visiter certains. Les fragments appartenant à la municipalité sont cependant dans un état critique de détérioration, attendant depuis des décennies d’être restaurés et consolidés, rapporte Hispania Nostra. Six parcelles de mur seraient concernées.
Un catalogage des éléments protégés est prévu, ainsi que la construction d’un centre d’interprétation pour documenter l’histoire de la muraille, dans la rue Escalinata, près de la place Isabel II. Un premier budget, pour l’achat de l’ensemble des parcelles, a été fixé à 9 millions d’euros.
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La mairie de Madrid veut restaurer et valoriser sa muraille arabo-chrétienne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°606 du 3 mars 2023, avec le titre suivant : La mairie de Madrid veut restaurer et valoriser sa muraille arabo-chrétienne