Musée

Douai

La Chartreuse retrouvée

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 novembre 1994 - 478 mots

Dans un style Renaissance flamande, l’ancien couvent des Chartreux en pierres et briques rouges, transformé en musée depuis 1958, nécessitait une rénovation pour abriter sa très belle collection de peintures. C’est chose faite depuis le premier octobre. Quatorze salles ont pu être réaménagées, ainsi qu’un hall d’accueil moderne, par l’architecte strasbourgeois Jérôme Habersetzer.

DOUAI - "La Chartreuse" peut se vanter de posséder un panorama pictural des plus complet, des Primitifs aux Écoles flamandes, en passant par la peinture hollandaise et italienne. Les saisies révolutionnaires sont à l’origine des collections (peintures, sculptures et objets d’art) en ayant confisqué les biens des églises et des riches abbayes de la région, car au Moyen-Âge, Douai était une cité très prospère. Grâce à des dons généreux pendant tout le XIXe siècle, puis par une politique d’acquisition active, le fonds de peintures a continé à s’enrichir. Aujourd’hui, avec l’aide de l’État et des collectivités locales, les nouvelles salles ont pu être crées pour un budget s’élevant à deux millions de francs.

L’édifice est complexe puisqu’il comprend l’hôtel civil d’Abancourt du XVIe, une aile avec une tour carrée érigé par les Montmorency, et une partie du couvent construit par les Chartreux au XVIIe siècle, flanquée d’une grande chapelle XVIIIe classique.

Dans une ambiance chaude et bourgeoise – parquet, poutres et mobilier ont été conservés – la visite commence au rez-de-chaussée, dans l’ancienne salle des céramiques, avec un bel ensemble de Primitifs des XIVe et XVe siècles. On notera l’originalité des thèmes (la Récolte de la Manne  du Maître de la Manne) et le raffinement des couleurs d’un très rare plateau (il en existe seulement dix au monde) peint en 1370.

Plusieurs grands polyptyques célèbres du XVIe siècle, et notamment ceux du douaisien Jean Bellegambe, sont exposés dans l’ancien réfectoire des Chartreux. Une maquette explique le maniement des volets multiples.

Dans l’ancienne salle de réception de l’hôtel Montmorency (peintures italiennes), "le chef-d’œuvre" violent de Ludovico Carrache, La flagellation, contraste avec le portrait d’une douce et coquette Vénitienne par Véronèse. Le XVIe siècle maniériste des pays nordiques et germaniques n’est pas oublié avec Hendryck Goltzius, Cornelis van Haarlem, Savery, ou von Aachen, peintres qui font souvent défaut dans les collections françaises, le XVIe siècle étant la "spécialité" de Douai.

Par l’escalier en bois, on accède aux salles allant du XVIIe au XXe siècle. Scènes de genres, paysages, portraits et natures mortes sont dépeints par Jan Fyt, Saenredam, David Téniers, Rubens ou bien Jordaens. L’ambiance "cabinet flamand" est ainsi restituée. Quant à la peinture française, elle est présente de Lebrun à Bonnard, en passant par Chardin et Courbet.

Ce beau parcours s’achèvera avec les sculptures du XIXe et les bronzes de Jean de Bologne (né à Douai) qui seront déployés en 1997 dans la chapelle des Chartreux, en cours de restauration.

Musée de la Chartreuse, 130, rue des Chartreux, 59500 Douai, tél. : 27 87 17 82

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°8 du 1 novembre 1994, avec le titre suivant : La Chartreuse retrouvée

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