Après une longue absence, ce chef-d’œuvre exécuté par les religieuses amiénoises au XVIIe siècle revient à Amiens, au Musée de Picardie qui vient de l’acquérir.
Au XVIIe siècle, la face avant des autels était ornée d’un textile liturgique : l’antependium (« qui pend devant »). Le grand antependium des Ursulines d’Amiens, dont le Musée de Picardie vient de faire l’acquisition, a été confectionné vers 1660, sous le règne de Louis XIV. Cette pièce monumentale de 3 mètres de long pour un mètre de hauteur a été utilisée dans la chapelle des Ursulines, à l’occasion des fêtes, jusqu’à la Révolution française.
Cet antependium, qui transcrit notamment des scènes de gravures traduisant des peintures d’Antoon Van Dyck et Giovanni Francesco Romanelli, illustre l’art de la peinture à l’aiguille. Les fils de laine rendent le velouté de la chair. Par sa brillance, la soie sublime chevelures, costumes ou contours des visages. Des fils d’or et d’argent apportent éclat et raffinement. Les vêtements et la couronne de la Vierge sont en outre rehaussés de perles, pierreries et verreries, tandis que les cannetilles (petits ressorts) confèrent du relief à la broderie. Ce chef-d’œuvre en volume de la broderie du XVIIe siècle révélait toute sa splendeur en contexte liturgique, éclairé par des cierges qui faisaient naître des jeux de reflets, de lumières et d’ombres.
Malgré la Révolution, l’antependium demeure aux mains des Ursulines d’Amiens au XIXe siècle. En 1904, ces dernières doivent cependant quitter la France à la suite de l’interdiction des congrégations enseignantes. À Bruxelles, elles vendent l’antependium. Après son exposition à l’Exposition universelle de 1910 à Bruxelles, on perd la trace de ce dernier. En 2023, son propriétaire propose la pièce au Louvre, qui laisse la priorité au Musée de Picardie.
Au centre de l’antependium, se tient la Vierge tenant l’enfant Jésus sur ses genoux, accompagnée d’un petit saint Jean-Baptiste. À gauche, a été représenté le martyre de sainte Ursule ; à gauche, l’extase de saint Augustin, dont les Ursulines suivaient la règle monastique. Par ailleurs, ont été figurées sur l’antependium des allégories des vertus chrétiennes – la Charité et son cœur enflammé, la Foi, son hostie et sa croix pour transpercer le mal –, ainsi que des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament.
Pour acquérir cette pièce exceptionnelle, d’une valeur de 250 000 euros, le Musée de Picardie a complété son budget d’acquisition par un appel au mécénat participatif. Il a aussi reçu une aide de l’État allouée pour des objets d’intérêt patrimonial majeur, ainsi qu’un financement de la Fondation du Crédit Agricole Brie-Picardie. L’antependium sera exposé au printemps prochain, avant d’être mis en réserve afin d’être étudié et restauré.
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La broderie des Ursulines d’Amiens
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°781 du 1 décembre 2024, avec le titre suivant : La broderie des Ursulines d’Amiens