FRANCFORT / ALLEMAGNE
La Deutsche Bank a fait le bonheur du Städel Museum de Francfort, en Allemagne, en lui prêtant à long terme sa collection riche de plus de 600 œuvres. Une aubaine pour le musée, qui renforce ainsi son fonds d’art allemand de 1945 à nos jours. L’ensemble sera visible en 2011, après agrandissement du Städel Museum.
FRANCFORT-SUR-LE-MAIN - Dans un climat où le mot « banque » suscite inquiétude et suspicion, l’annonce de la généreuse initiative de la Deutsche Bank (DB) en faveur du Städel Museum de Francfort a fait les gros titres de la presse outre-Rhin. L’établissement bancaire allemand a en effet confié au musée un ensemble de 600 œuvres de sa collection d’entreprise sous forme de prêt permanent. Il s’agit d’une soixantaine de tableaux et de sculptures, de 161 œuvres sur papier, et de 379 gravures : 45 artistes différents y figurent et le groupe le mieux représenté est celui actif en Allemagne des années 1970 à aujourd’hui (Anselm Kiefer, Sigmar Polke, Gerhard Richter…). Si la valeur de ce prêt est considérable (l’estimation totale tourne autour de 20 millions d’euros), Josef Ackermann, président du conseil d’administration de la DB, a tenu à préciser que cette initiative n’est pas un acte de bienfaisance, mais « un investissement financier pour l’avenir de [l’]établissement comme pour la société dans laquelle [il] œuvr[e] ». Tandis que la banque assure à sa collection une visibilité sans précédent, et pas seulement au sens métaphorique, le Städel Museum obtient l’un des plus beaux cadeaux de sa longue histoire – le musée renforce justement le secteur de sa collection qui en avait le plus besoin, c’est-à-dire l’art de 1945 à nos jours. Ce prêt généreux n’est pas un cas isolé : en juin 2008, la DZ Bank a fait don au musée de 200 photographies contemporaines de 76 artistes (parmi lesquels Richard Avedon, Andy Warhol, Robert Mapplethorpe et Robert Rauschenberg).
L’arrivée dans ce musée historique de Francfort d’une telle quantité d’œuvres nouvelles (et de grande qualité) n’est pas si surprenante. Hormis la confirmation de la politique muséale entreprenante du jeune directeur Max Hollein, qui dirige l’institution depuis 2006, les initiatives des deux banques en faveur du Städel révèlent le grand intérêt suscité par le récent projet d’extension du musée, ainsi que les ambitieuses perspectives qu’un tel agrandissement laisse entrevoir.
Installé dans un édifice de 1878 conçu par l’architecte Oskar Sommer – élève de Gottfried Semper –, le Städel a progressivement grandi au fil du temps, tant sur le plan des collections que sur celui de l’architecture, un sort partagé par beaucoup de musées fondés au XIXe siècle. L’ajout le plus récent, en 1990, est l’aile dessinée par Gustav Peichl sur le flanc droit du musée. Or, même cette dernière extension, vouée à accueillir l’art du XXe siècle et les expositions temporaires, s’est vite révélée insuffisante.
Ainsi, en septembre 2007 a été lancé un concours d’architecture international pour la création d’une nouvelle extension : un espace de trois mille mètres carrés pour l’art de 1945 à nos jours, ainsi qu’une série d’ajustements dans les édifices existants. Le cabinet de Schneider Schumacher (Francfort) a été choisi parmi les huit participants au concours. Le clou du projet est le vaste développement souterrain prévu sous les jardins du musée, bénéficiant de la lumière naturelle via une série d’œil-de-bœuf en surface. Le coût du projet devrait avoisiner les 30 millions d’euros, dont 10 ont déjà été pris en charge par deux fondations privées. Le début des travaux est prévu pour 2009. Il devrait être possible avant la fin 2011 d’admirer l’intégralité de la collection de la Deutsche Bank : le musée n’en a présenté qu’une sélection dans l’exposition « Premier choix » qui s’est achevée le 9 novembre.
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Jackpot à Francfort
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°291 du 14 novembre 2008, avec le titre suivant : Jackpot à Francfort