Tandis que l’inventaire des pièces pillées dans les musées, bibliothèques et sites irakiens semble s’affiner au fil des semaines, le gouvernement américain a annoncé sa volonté de financer la réhabilitation des établissements saccagés et de rouvrir à l’automne une partie des salles du musée de Bagdad.
PARIS - Critiqués dans le monde entier parce que leurs troupes n’étaient pas intervenues pour protéger les collections du Musée archéologique national de Bagdad (lire le JdA n° 170, 2 mai 2003), les États-Unis multiplient les déclarations et les gestes en direction du patrimoine irakien. Les Américains souhaitent investir 1 710 000 d’euros pour réhabiliter les grands musées et sites pillés après la chute du régime de Saddam Hussein, a annoncé le 24 mai la radio de la coalition. Un centre de recherches destiné à dresser l’inventaire complet des pièces volées au musée de Bagdad a par ailleurs été mis en place. Des archives photographiques vont être créées et diffusées sur Internet pour tenter de récupérer les objets. Selon Jaber Khalil Ibrahim, président de l’Office national des antiquités irakiennes sous le régime de Saddam Hussein, des milliers de pièces ont été volées dans les musées irakiens. “Trente-huit pièces de grande valeur ont été volées dans les galeries du Musée archéologique national de Bagdad, et des milliers d’autres ont été prises dans les réserves”, a précisé M. Khalil lors d’un congrès régional sur les trésors irakiens pillés, organisé à la fin du mois de mai à Amman. “Une campagne [de désinformation] visant à minimiser les pertes d’œuvres irakiennes a été délibérément lancée”, accuse encore le responsable. Le directeur général de l’Unesco, Koïchiro Matsuura, avait en effet déclaré le 19 mai que des centaines de pièces seulement avaient été pillées au musée de Bagdad. M. Khalil a annoncé la restitution par une seule personne de 450 pièces. Ainsi, s’est-il indigné, “comment peuvent-ils parler d’une centaine d’objets volés seulement ?”.
S’appuyant sur un inventaire en cours de réalisation, Piero Cordone, conseiller de la coalition pour la Culture, a pour sa part annoncé à l’AFP le 4 juin que 1 800 à 2 000 pièces manquaient encore. “Il y a eu environ 3 000 à 3 500 pièces volées, dont 1 200 ont été récupérées. Parmi les objets disparus figurent une trentaine d’œuvres d’une valeur inestimable”, a-t-il précisé. Il a également annoncé que la moitié des manuscrits et documents pillés à la Bibliothèque nationale “avaient été récupérés par un imam chiite qui s’est proposé de les rendre”.
La chasse au trésor de Nimroud
La coalition américano-britannique espère rouvrir partiellement le musée de Bagdad à l’automne, et y exposer par la suite le trésor de Nimroud, l’une des plus belles collections archéologiques au monde. “Mon objectif est d’ouvrir en septembre, même deux salles, du musée de Bagdad, pour souligner la reprise de l’activité culturelle dans le pays”, a affirmé Piero Cordone. Il a indiqué qu’il se rendrait “très prochainement avec une équipe d’experts dans les caves de la Banque centrale pour vérifier que s’y trouve toujours le trésor de Nimroud”, provenant des tombes des reines et princesses assyriennes. “Il s’agit de 650 bracelets, colliers, tiare royale, objets en or et pierres semi-précieuses, qui avaient été mis à l’abri dans les caves de la Banque centrale lors de la guerre du Golfe de 1991. Nous allons vérifier qu’ils y sont toujours”, a-t-il ajouté.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Irak, l’heure de l’inventaire
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°173 du 13 juin 2003, avec le titre suivant : Irak, l’heure de l’inventaire