Yonne

Halle en péril

La démolition du marché de Brienon suscite une controverse

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 10 novembre 2014 - 435 mots

BRIENON-SUR-ARMANÇON - « Un beau gaspillage ! », déplorent plusieurs témoins. Sur la place Émile-Dromigny, le marché couvert de Brienon-sur-Armençon, dans l’Yonne, est en cours de démolition depuis le 20 octobre.

L’édifice en pierre aux accents néoclassiques, bâti en 1884, avait pourtant fait l’objet de travaux de restauration et de réhabilitation commandés par l’ancien maire Guy Loyer (PCF) et menés par l’architecte Michel Dusolle en 2000 et 2001. Si les murs avaient été ravalés, la réfection de la charpente et de la couverture en ardoise n’avait pas été effectuée et la restauration de la halle n’avait pas été poursuivie par Jean-Claude Carra, maire (sans étiquette) de la commune depuis 2004. Ce dernier a inscrit la déconstruction de l’édifice dans le cadre d’un projet d’aménagement de la place Dromigny visant à élargir l’accès à la salle des fêtes en ne conservant qu’une travée sur cinq de la halle. Le permis de construire (et de démolir) a été signé par la mairie en 2012 après avoir reçu l’aval de l’architecte des Bâtiments de France (ABF), invité à se prononcer sur les abords des monuments historiques tout proches, tels que l’église Saint-Loup du XVIe siècle et un lavoir du XVIIIe siècle. « L’accord a été donné par l’ancien ABF qui assurait alors l’intérim avant de changer d’affectation. Mais ni notre service ni l’actuel ABF n’approuvent cet aval et la perte de cette halle », regrette aujourd’hui un représentant du service territorial de l’architecture et du patrimoine de l’Yonne.

Apprenant en juillet 2014 la démolition imminente de la halle, l’architecte Michel Dusolle a fait circuler une pétition pour sauver l’édifice qui a rassemblé plus de 800 signatures. Les défenseurs de la halle – parmi lesquels l’ancien maire Guy Loyer – reprochent au maire, outre une désinformation, d’œuvrer dans l’illégalité. « Depuis 2012, il n’y a eu aucun affichage du permis de construire sur l’édifice, un document à partir de la date duquel nous pouvons disposer de deux mois pour exercer un recours. Nous avons alerté le préfet de l’absence de ce panneau censé être présent pendant toute la durée du chantier mais il n’a jamais répondu », expliquent Michel Dusolle et Guy Loyer, qui ont cependant renoncé à exercer un recours contentieux. « Le mal est déjà fait. Nous pensions que l’affichage réglementaire serait effectué. Si nous avions été moins naïfs et plus réactifs, nous aurions lancé un recours plus tôt.  » La municipalité de Brienon n’a pas souhaité répondre à nos questions. « Le défaut d’affichage constitue une irrégularité, mais qui ne nécessite pas l’arrêt du chantier », nous a quant à elle déclaré la préfecture de l’Yonne.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°423 du 14 novembre 2014, avec le titre suivant : Halle en péril

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