Quatre ans après sa fermeture pour travaux, le Musée d’art occidental de Tokyo a rouvert partiellement ses portes. Par ailleurs, une institution au concept original a vu le jour : le Musée Otsuka, à Naturo, dans la préfecture de Tokushima, qui possède des copies sur céramique de plus de mille chefs-d’œuvre des trois derniers millénaires, de l’Antiquité classique à Andy Warhol.
TOKYO - Depuis le 28 avril, on peut à nouveau visiter l’aile de la section moderne du Musée national d’art occidental de Tokyo, dessinée en 1959 par Le Corbusier. Une seconde partie souterraine – accueillant des tableaux de la Renaissance au XVIIIe siècle, ainsi que des sculptures d’Auguste Rodin – sera inaugurée en septembre.
Avec quelques centaines de peintures occidentales du XVe au XXe siècle, d’artistes aussi prestigieux que Vasari, Tintoret, Rubens, Van Dyck, Tiepolo, Delacroix, Renoir, Van Gogh, Picasso ou Pollock, et une cinquantaine d’œuvres d’Auguste Rodin, cet établissement est le musée d’art occidental le plus important du Japon.
Les bâtiments chargés d’accueillir cette collection, constituée dans les années vingt en Europe par le milliardaire japonais Kojiro Matsukata – puis enrichie par de nouvelles acquisitions –, ont été mis aux normes antisismiques les plus sophistiquées. La partie souterraine proposera en outre une boutique, un restaurant et une salle de conférences. Parallèlement à cette inauguration, débutera l’exposition “Claude Lorrain et le paysage idéal”, dont l’organisation a nécessité trois ans de travail. En un seul et unique volet, elle présentera une soixantaine de tableaux et dessins du peintre français, provenant de musées comme la National Gallery de Londres, le Louvre et le Prado. En contrepoint, seront exposées une trentaine d’œuvres liées au concept du paysage idéal, avec notamment des travaux de Turner.
Un musée de copies
Mais l’événement le plus attendu au Japon était l’ouverture, le 5 avril, du Musée d’art Otsuka, à Naturo, dans la préfecture de Tokushima. Il expose plus de mille copies de chefs-d’œuvre de l’art occidental des trois derniers millénaires. Tout au long des cinq kilomètres du parcours de visite, intérieur et extérieur, des reproductions photographiques sur céramique permettent à tous, grands et petits, de toucher de célèbres tableaux comme La Joconde et Guernica, ou encore d’entrer dans la Chapelle des Scrovegni.
Le concept a recueilli l’approbation du public, comme l’explique le directeur d’un musée de Nagoya : “L’idée qu’un musée doive toujours exposer les originaux est un préjugé qu’il faut reconsidérer. Pour un véritable artiste, une bonne photo suffit à appréhender l’original. C’est ce qui distingue l’artiste du collectionneur”. La louange n’est cependant pas unanime. Les Occidentaux font remarquer qu’il aurait au moins fallu mettre en évidence les techniques de réalisation, et qu’il est finalement plus pratique de voir les reproductions dans les livres ou sur ordinateur.
L’opération, chiffrée à plus de 1,2 milliard de francs, a été réalisée par l’Otsuka Pharmaceutical Co., pour fêter ses 75 ans d’existence. Fuado Otsuka, directeur des relations publiques de la société, souligne avec une certaine satisfaction que les doigts gras de pizza ou les menottes pleines de confiture seront les bienvenus. Il suffit pour cela d’acquitter un droit d’entrée de 170 francs ! Au pays où triomphe l’artificiel, un coup d’éponge suffira ensuite à effacer les traces.
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Européomania au Japon
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°62 du 5 juin 1998, avec le titre suivant : Européomania au Japon