Le Victoria & Albert Museum et la Tate Modern veulent tous deux s’agrandir.
LONDRES - Le Victoria & Albert Museum (V&A), à Londres, réfléchit actuellement à la construction de nouvelles galeries sur le site où devait se dresser la « Spirale ». Ce projet controversé de Daniel Libeskind aurait dû coûter 70 millions de livres sterling (79 millions d’euros) au musée, mais il a été abandonné en 2004 après que le Heritage Lottery Fund (Fonds de la Loterie nationale pour le patrimoine) a refusé de le subventionner. Le nouveau projet, qui porte le nom plus prosaïque d’« Exhibition Road Building », est entièrement souterrain. Le contraste avec la flamboyante Spirale, grand geste architectural qui devait symboliser l’engagement du V&A pour le contemporain, ne saurait être plus marqué. Au-dessus des galeries souterraines, est prévu en surface l’aménagement d’une petite place qui accueillera de manière agréable les visiteurs arrivant par l’entrée latérale à ciel ouvert de l’Exhibition Road.
Le principal avantage de ce projet souterrain est qu’il laisse la possibilité de bâtir une extension au-dessus de cette petite place, dès l’instant où le musée éprouvera le besoin de s’agrandir. Et cette solution pragmatique répond de manière satisfaisante aux besoins actuels. La priorité reste la création de nouveaux espaces d’expositions temporaires, rendus indispensables vu l’étroitesse et le manque de malléabilité logistique des galeries actuelles. Les décorations murales de ces dernières, datant des années 1860, pourraient d’ailleurs être nettoyées et mises en valeur dans le cadre d’une présentation permanente sur le design monumental au XIXe siècle. Les galeries souterraines seraient quant à elles idéales pour accueillir les expositions temporaires, car les œuvres sont souvent très sensibles à la lumière et la plupart requièrent un éclairage artificiel. La société d’ingénierie structurelle Arup, déjà consultée pour le projet de la Spirale, planche actuellement sur le concept de l’Exhibition Road Building. Une étude de faisabilité détaillée devrait être rendue avant la fin de l’année et une estimation des coûts est en cours, mais le budget prévisionnel s’élèverait d’ores et déjà à 25 millions de livres. Le projet doit passer devant le conseil d’administration du musée dans les mois à venir et aucune décision n’a encore été prise. Si le climat actuel ne favorise pas les levées de fonds, le musée partira en chasse dès les premiers signes de reprise.
Camouflet pour la Tate
La Tate Modern, à Londres, est pour sa part en pleine campagne de levée de fonds pour son projet d’extension. Or le musée londonien vient d’essuyer un sérieux revers, le Heritage Lottery Fund (HLF) ayant refusé de lui verser une subvention de près de 10 millions de livres. Grâce à cette extension, la Tate souhaiterait concrétiser un projet innovant de numérisation de ses archives, comprenant d’importants documents en lien avec l’art britannique du XXe siècle. L’idée étant d’offrir aux jeunes un accès numérique aux archives, et de leur donner l’opportunité, toujours dans la nouvelle extension, d’y exposer des œuvres réalisées dans le cadre de programmes éducatifs. La Tate a soumis au HLF une demande de subvention à hauteur de 9,24 millions de livres pour financer cet ambitieux projet baptisé « Inspiring Art, Inspiring Lives », ainsi qu’une subvention immédiate estimée à 239 500 livres afin de financer les études. Si les responsables du HLF ont apporté leur soutien à la Tate, le conseil d’administration ne l’a pas vu du même œil. Ce dernier a estimé que l’extension n’était pas prioritaire et s’est déclaré inquiet en raison de « la livraison d’ici à 2012 des éléments de la nouvelle structure, [l’échéance à long terme est fixée à 2016], [mais aussi de] l’insuffisance criante de financement pour l’ensemble du projet de construction ». Le coût total de l’extension est toujours estimé à 215 millions de livres (prix de 2012). À ce jour, la Tate a levé 74 millions de livres, soit tout juste le tiers de son budget – 50 millions versés par le ministère britannique de la Culture, 7 millions versés par l’Agence londonienne de développement et 5 millions versés par le banquier John Studzinski. Si 12 millions de livres supplémentaires ont été récoltées auprès du public au cour de ces quinze derniers mois, 141 millions de livres restent encore à trouver. Bien que des négociations avec plusieurs grands mécènes soient en cours, le l’objectif est loin d’être atteint.
Le 31 mars, le conseil municipal de Southwark a annoncé qu’il délivrait un certificat d’urbanisme pour une extension conçue par l’équipe Herzog & de Meuron – une structure révisée car la façade en verre a été remplacée par un treillage de brique. Cette autorisation sera valable cinq ans (jusqu’au mois de mars 2014), au lieu des trois habituels, « à cause de retards éventuels de développement liés à un projet aussi important et au financement public complexe ». Les travaux de démolition devraient débuter dans les mois prochains, et la construction démarrer dans un an. Selon la Tate, la fin des travaux est toujours prévue pour 2012, à temps pour les Jeux olympiques de Londres.
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Des projets à financer
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°303 du 16 mai 2009, avec le titre suivant : Des projets à financer