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RÉCOLEMENT

Dépôts au ministère des Armées : un récolement à la traîne

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 5 mars 2025 - 447 mots

Le pourcentage des œuvres déposées au sein des établissements du ministère des Armées est inférieur à la moyenne des autres ministères.

L'Hexagone Balard regroupe les états-majors des forces armées françaises. © Guilhem Vellut, 2016, CC BY 2.0
L'Hexagone Balard regroupe les états-majors des forces armées françaises.

France. L’obligation de récolement décennal par les grands déposants reste parfois théorique, comme le montre à nouveau le dernier rapport de la Commission du récolement des dépôts des œuvres d’art (CRDOA) portant sur le ministère des Armées. Si la programmation fixée en 2017 prévoyait la fin du récolement des œuvres déposées au ministère en 2022, trois ans après cette date limite, le compte est loin d’être atteint.

Le taux de récolement dans les adresses du ministère s’élève à 39,84 %, non loin de la moyenne des ministères (42,28 %). Mais précise le rapport « ce chiffre porte sur les biens qui ont été vus au moins une fois, que ce soit il y a trente ans ou six mois ». En prenant en compte l’objectif de récolement décennal, le taux tombe en fait à 31,96 %, soit moins d’un tiers des œuvres identifiées et localisées ces dix dernières années.

Il est vrai que les récents bouleversements immobiliers du ministère des Armées ne facilitent pas la traçabilité des dépôts : l’inauguration de l’Hexagone Balard, en 2015, a permis le regroupement sur un seul site de services auparavant dispersés entre diverses adresses. Pour de nombreuses œuvres, le dernier récolement a été effectué dans une adresse qui n’est plus occupée par le ministère, et parfois même, qui n’appartient plus à l’État.

Deux œuvres ont ainsi pu être retrouvées par la direction de la Mémoire, de la Culture et des Archives (DMCA) du ministère au sein de l’Hexagone Balard, après en avoir perdu la trace depuis 1997, aux Invalides. Dans ses recommandations, la CRDOA insiste sur l’obligation de signaler chaque déplacement d’œuvre, les déménagements intempestifs étant la première cause de disparition des œuvres. Le taux de disparition global, qui indique la part de biens non localisés lors du récolement, reste toutefois satisfaisant : il s’élève à 29,60 %, contre 57 % pour l’ensemble des ministères.

Comme l’indique le rapport, ce taux bas s’explique aussi par l’absence de récolement de la Manufacture de Sèvres : « Les pièces de Sèvres, petites et pour certaines fragiles, peuvent disparaître plus facilement. » Car si le Mobilier national a mené ce travail de récolement ces trois dernières années (99 % des 1 989 déposées ont été vues), les deux autres grands déposants que sont le Centre national des arts plastiques (Cnap) et Sèvres ne l’ont pas commencé.

S’agissant du Cnap, qui a déposé 1 502 œuvres dans les adresses du ministère, il a entamé sa campagne de récolement fin 2024. La Manufacture de Sèvres ne semble, elle, pas préoccupée par ses 2 437 dépôts. « Le récolement n’est pas programmé au jour de publication de ce rapport », précise la CRDOA.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°650 du 28 février 2025, avec le titre suivant : Dépôts au ministère des Armées : un récolement à la traîne

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