Avec sa future National Gallery, Singapour entend s’imposer comme capitale des arts d’Asie du Sud-Est.
SINGAPOUR - En novembre 2015, Singapour devrait inaugurer sa nouvelle « National Gallery ». Avec plus de 8 000 œuvres réparties sur une surface de plus de 64 000 m2, ce musée présentera la plus grande collection d’art moderne d’Asie du Sud-Est et veut s’imposer comme l’institution majeure des arts visuels de la région.
C’est en 2005 que l’idée d’une « National Gallery » est évoquée pour la première fois. Pour ce musée qui devra être le plus grand musée de Singapour et de la région, le gouvernement pose ses conditions. La nouvelle institution doit être hébergée dans deux bâtiments de l’époque coloniale, la Cour suprême de justice et l’Hôtel de Ville, qui témoignent de temps forts de l’histoire de la cité-État : la signature de l’acte de capitulation du Japon en 1945 et la déclaration d’indépendance en 1965. Pour un pays qui ne s’est jamais trop encombré de la notion de patrimoine, le message est clair : il est temps de préserver le passé et de l’intégrer dans le présent. C’est le studio Milou de l’architecte français Jean-François Milou qui remporte le contrat en 2007 à l’issue d’un concours international. Afin de conserver les bâtiments intacts, le lauréat adopte une « intervention architecturale minimale » avec la création d’une structure de verre et d’acier s’étendant au-dessus de la Cour suprême de justice et de l’Hôtel de Ville et les unifiant. Démarrés en 2008, les travaux de la National Gallery auront duré presque sept ans pour un budget de près de 350 millions d’euros. « C’est une opération complexe, la rénovation et la restauration ont pris beaucoup de temps », explique Jean-François Milou.
Ce musée, dont la superficie sera équivalente à celle du Musée d’Orsay, a pour ambition de présenter l’art de Singapour mais aussi celui de l’Asie du Sud-Est depuis le XIXe siècle. Financées par les deux principales banques de la région, la « DBS Singapore Gallery » et la « UOB South East Asia Gallery » mettent, pour la première, l’art de Singapour à l’honneur tandis que la seconde se penche sur l’art du Sud-Est asiatique explorant des thématiques comme les liens avec l’Europe, la décolonisation ou la diaspora. « Nous allons créer un dialogue et redéfinir l’art du Sud-Est asiatique dans un contexte global », souligne Eugene Tan, le directeur de la National Gallery.
Un « rôle public »
Dans une cité s’éveillant à l’art, le nouveau musée entend également jouer un rôle d’éducation auprès de la jeunesse. Des programmes seront destinés aux familles, des partenariats seront mis en place avec des écoles. « Nous avons un rôle public à jouer, nous devons être sûrs que l’art soit accessible à tous », insiste Eugene Tan. Lieu d’éducation, le musée se veut également un lieu de vie avec une offre de plus de six restaurants et des boutiques. Incontournables au pays des shopping malls !
En attendant l’inauguration en novembre 2015, les Singapouriens pourront découvrir le temps de deux week-ends en avril et en mai le musée sans œuvres d’art. Une opération baptisée « Naked Museum » qui permettra au public de s’approprier le lieu.
D’ici là, le musée doit faire face à un défi de taille : les ressources humaines. « Notre réservoir de talents n’est pas assez large », reconnaît Eugene Tan. Pour constituer son équipe, le musée a fait appel à des commissaires étrangers, à l’instar de l’Australien Russell Storer arrivé du Queensland Museum of Modern Art de Brisbane ou de la Japonaise Lisa Horikawa venue du Fukuoka Asian Art Museum.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°431 du 13 mars 2015, avec le titre suivant : Collection sur mesure