Le galeriste munichois Alfred Gunzenhauser a fait don de sa prestigieuse collection
d’art expressionniste allemand à la ville de Chemnitz
CHEMNITZ - Le nouveau musée abritant la collection d’art moderne allemand du galeriste munichois Alfred Gunzenhauser a ouvert ses portes dans la ville de Chemnitz, en Allemagne. Forte de 2 459 pièces et estimée autour de 200 millions d’euros, la collection comprend l’ensemble le plus important au monde d’œuvres de l’artiste expressionniste Otto Dix, soit 290 pièces. Parmi les autres artistes allemands présents, citons Lovis Corinth (26 œuvres), Conrad Felixmüller (114 œuvres), la Berlinoise Gabriele Münter (55 œuvres) et Paula Modersohn-Becker (21 œuvres). Sont également exposés Max Beckmann, Ernst Ludwig Kirchner, Erich Heckel et Karl Schmidt-Rottluff. « C’est la dernière grande collection privée de cette période », assure Ingrid Mössinger, directrice générale des musées municipaux de Chemnitz, parmi lesquels figure le Musée Gunzenhauser. « Il serait impossible de constituer un tel ensemble à nouveau », ajoute-t-elle. Alfred Gunzenhauser a fait don de ses biens au conseil municipal de Chemnitz en 2003, sous réserve que les autorités locales prennent part à la restauration de l’ancien siège d’une banque des années 1930, où le musée est aujourd’hui établi. Le bâtiment a été réaménagé par l’architecte berlinois Volker Staab pour un montant de 9,5 millions d’euros, une somme financée par des organismes tant publics que privés. D’après Thomas Friedrich, conservateur du musée, le budget annuel de fonctionnement sera financé par la Ville, tandis que les nouvelles acquisitions ne pourront être effectuées qu’avec l’aval d’Alfred Gunzenhauser.
Compétition féroce
La collection Otto Dix occupe tout un étage de l’immeuble de 3 000 mètres carrés, et déploie toutes les phases de la carrière de l’artiste. Alfred Gunzenhauser était décidé à ne pas exposer sa collection à Munich. Il s’est penché sur plusieurs villes d’Allemagne de l’Est, où les collections privées ouvertes au public sont plus rares et où, à ses yeux, l’enthousiasme pour l’art moderne est plus grand. Trois de ces villes est-allemandes se sont ensuite livrées à une compétition féroce pour obtenir la collection. Plus de 150 œuvres de l’ensemble Gunzenhauser avaient été dévoilées au public pour la première fois en 1998 au Musée des beaux-arts de Leipzig – le nom de Gunzenhauser avait alors été tenu secret. Le musée s’est ensuite proposé de conserver la collection dans six de ses salles. Mais Alfred Gunzenhauser, après avoir pris en considération l’offre de Dresde, a choisi Chemnitz où il s’est vu offert le siège d’une banque construit par Fred Otto de 1928 à 1930. « Chemnitz était la première ville qui pouvait fournir un espace propre à la collection », nous a confié Thomas Friedrich. La collection Gunzenhauser est particulièrement emblématique pour la ville de Chemnitz, dont les collections se sont appauvries au cours des années 1930, alors que les nazis chargés de détruire tout « art dégénéré » ont confisqué plus d’un millier d’œuvres d’art moderne. Ce n’est qu’en 2001 qu’Alfred Gunzenhauser s’est identifié comme le propriétaire de la collection, laquelle venait d’être exposée au Musée régional du Land de Schleswig-Holstein, au Schloß Gottorf, dans le nord de l’Allemagne. Né en 1926 à Heidenheim (Allemagne de l’Est), Alfred Gunzenhauser a débuté sa collection alors qu’il étudiait l’économie, et il a ouvert sa propre galerie à Munich en 1964. Cet homme âgé de 81 ans n’a pas d’héritier : « Je n’ai pas d’enfants, seulement de l’art », aime-t-il à répéter.
Kunstsammlungen Chemnitz, Museum Gunzenhauser, Stollberger Straße 2, Chemnitz, Allemagne, tél. 49 371 488 44 00, www.kunstsammlungen-chemnitz.de, tlj sauf lundi 12h-19h, samedi, dimanche et jours fériés, 11h-19h.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Chemnitz rejoint la cour des grands
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°273 du 18 janvier 2008, avec le titre suivant : Chemnitz rejoint la cour des grands