CHANTILLY
En grande difficulté, le château de Chantilly n’avait jusqu’alors accès à aucune aide. Une subvention exceptionnelle permet de sécuriser les 130 emplois du domaine jusqu’à l’été.
Chantilly (Oise). Pour Christophe Tardieu, administrateur du domaine de Chantilly, et l’Institut de France, son propriétaire, il ne faisait aucun doute que l’État viendrait en aide à un domaine sinistré par la crise sanitaire. Annoncée fin mars, cette aide indispensable s’est fait attendre pour un monument qui n’avait pas accès aux fonds du plan de relance destinés aux établissements publics ni aux dispositifs mis en place pour le secteur privé, à l’exemple du chômage partiel. Le domaine de Chantilly a en effet un statut particulier, car, sans relever du privé, il ne dépend pas directement du ministère de la Culture.
Ce sont 4,5 millions d’euros qui vont être alloués à Chantilly, un soutien à la trésorerie « qui va nous permettre de payer ce que l’on doit », explique Christophe Tardieu. En particulier les salaires des 130 employés du domaine, dont le versement est ainsi assuré jusqu’à l’été. Priorité de l’État comme de l’Institut de France, le maintien de ces emplois conditionne l’attribution de cette aide exceptionnelle. La subvention compense une perte d’exploitation considérable pour ce domaine dont les recettes proviennent de la billetterie, mais aussi en grande partie de l’événementiel. Chantilly aurait ainsi enregistré une perte de plus de 5 millions d’euros imputable aux diverses mesures sanitaires mises en place depuis mars 2020.
Le domaine, dans une situation financière délicate, est donc enfin secouru par l’État, après que Bercy et la Rue de Valois se sont renvoyé la balle quelque temps. L’aide, qui fait l’objet d’un accord ministériel entre Matignon, le ministère de la Culture et le ministère de l’Économie, est présentée comme un complément nécessaire au plan de relance dans la Culture, auquel Chantilly ne pouvait prétendre. « C’est un accord très intéressant, nous manifestons une vraie gratitude», se félicite l’administrateur, qui souligne le « rôle moteur » du minstre Bruno Le Maire sur ce dossier. L’État s’est engagé à réévaluer cette aide au cours de l’année, en fonction de l’évolution des restrictions sanitaires, et à laisser deux mois de trésorerie au domaine à la fin de l’année 2021.
L’Institut de France s’est également engagé auprès de l’État à augmenter les recettes du domaine, en développant notamment un projet hôtelier dans le château d’Enghien. Une mise en concurrence sera lancée dans le courant du mois d’avril. Chantilly attend désormais la réouverture au public pour retrouver l’équilibre financier : « En étant ouvert, sous réserve que l’État et la Région apportent leurs subventions classiques, il n’y a aucune raison pour que l’on demande une aide exceptionnelle », affirme Christophe Tardieu. Ce dernier ne devrait toutefois pas voir de ses propres yeux le retour des visiteurs à Chantilly : il vient d’être nommé secrétaire général de France Télévisions par sa présidente, Delphine Ernotte – une nomination pour l’heure suspendue à la validation de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Arrivé à Chantilly en décembre 2019 afin d’assurer la transition après le départ de l’Aga Khan, mécène des lieux quatorze ans durant, il aura administré un domaine fermé au public pendant plus de la moitié de son mandat.
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Chantilly reçoit une aide de l’État
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°565 du 16 avril 2021, avec le titre suivant : Chantilly reçoit une aide de l’État