BORDEAUX
En ouvrant un nouvel espace consacré aux XXe et XXIe siècles, le Musée d’Aquitaine tire le fil d’une histoire et d’un territoire.
Bordeaux. Le 22 mars dernier, le Musée d’Aquitaine a dévoilé au public ses nouvelles salles dévolues aux XXe et XXIe siècles de Bordeaux et du territoire aquitain. Tendre un miroir aux visiteurs, parmi lesquels certains se souviennent encore des grands chantiers urbanistiques des années 1950 ou des anciennes pratiques agricoles des Landes : telle était la feuille de route fixée par le directeur Laurent Védrine et Geneviève Dupuis-Sabron, conservatrice en chef en charge de l’exposition.
Depuis dix ans, le musée a entamé une rénovation de ses espaces : en 2009, pour les salles consacrées au XVIIIe siècle, le commerce atlantique et l’esclavage ; puis, en 2014, celles dévolues au XIXe siècle. Fruit d’une réflexion de trois ans, le nouveau parcours contemporain s’étale sur 600 m2 et quatre espaces thématiques, prenant le relais des espaces XIXe siècle. François Payet, architecte-scénographe, a œuvré successivement dans les trois sections, évitant la dissonance d’une rupture abrupte d’atmosphère entre les salles.
Construire le parcours autour de quatre grandes toiles monumentales est la bonne idée de ces nouveaux espaces : Les Colonies de Marius de Buzon, La Vigne et le Vin de Jean Dupas, L’Agriculture de Jean Despujols et La Forêt landaise de François-Maurice Roganeau ont guidé les thématiques des salles par leurs sujets et la scénographie par leur dimension monumentale (8 mètres sur 3 pour chacune d’entre elles). Réalisées en 1925 à l’occasion de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels de Paris, les toiles ornaient le hall de la « La Tour de Bordeaux », dont l’aménagement intérieur avait été confié à l’architecte bordelais Pierre Ferret. Achetées par la Ville en 1926, elles ont été installées dans l’amphithéâtre municipal, l’Athénée, jusqu’à la désaffection du lieu en 1973. Datée, l’esthétique figurative des années 1920 s’étale ici dans un effet démonstratif fort heureusement contextualisé par le discours muséal.
L’entre-deux-guerres, la compromission de certains édiles bordelais dans la collaboration, la mutation urbaine de Bordeaux et l’évolution du port s’articulent autour des Colonies. Au fil du parcours, vignobles, zones littorales, forêts, montagnes et vallées défilent dans une « balade géographique ». Près de 80 partenaires ont contribué par leurs conseils ou leurs prêts au parcours et à son contenu. Maquettes d’architectures, photographies, dessins, objets insolites, outils, peintures et sculptures ont été choisis avec soin, évitant l’amoncellement et le multimédia, très riche, offre un contenu foisonnant, mais où les sons des films projetés se chevauchent parfois, limitant le confort de visite. Dans la dernière salle, évoquant tout à la fois l’industrie aéronautique et le patrimoine immatériel, une table tactile invite à découvrir une carte des écrivains bordelais. « Cette ville où nous naquîmes, où nous fûmes un enfant, un adolescent, c’est la seule qu’il faudrait nous défendre de juger : elle se confond avec nous, elle est nous-mêmes » : on quitte les lieux avec l’envie de lire ou relire François Mauriac.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Bordeaux face à son histoire
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°522 du 26 avril 2019, avec le titre suivant : Bordeaux face à son histoire