Objet de discussions passionnées depuis
une dizaine d’années, l’emplacement de l’ancien château des Hohenzollern,
au cœur de Berlin, attend
un nouvel édifice. Entre
une reconstitution ou une construction de style moderne, la Commission pour le centre historique de Berlin a opté pour une solution mixte.
Berlin (de notre correspondante) - Constituée il y a un an, la Commission pour le centre historique de Berlin, également connue sous le nom de Commission pour la place du château, a rendu compte des propositions qu’elle entend soumettre aux forces politiques, et en particulier au chancelier Gerhard Schröder. Objet d’un important débat depuis plus d’une dizaine d’années, le problème en question concerne l’avenir de la grande zone au cœur de la ville, située juste devant l’île des Musées, où se dressait autrefois le château des Hohenzollern. Au début des années 1950, le gouvernement de la RDA a détruit cet édifice baroque imposant – déjà en ruines –, réalisé par Andreas Schlüter et Eosander von Göthe, afin d’effacer les témoignages d’un passé prussien auquel le communisme voulait tourner la page. Composée de quinze membres (dont aucun n’est suffisamment âgé pour se rappeler personnellement du château), la commission est présidée par le parlementaire européen autrichien Hannes Swoboda, déjà responsable de l’urbanisme au conseil municipal de Vienne. Trois questions principales – la future utilisation de la zone, sa dimension urbaine, et la qualité architecturale des éventuelles constructions – ont été débattues. Hésitant entre la reconstruction de l’ancien château sur la base des nombreuses recherches effectuées ces dernières années et un édifice résolument moderne, les avis des experts et du grand public sont divisés. Partisan déclaré de l’architecture contemporaine, Hannes Swoboda avait fait naître l’hypothèse d’un choix final plus orienté vers la nouveauté que vers la tradition. Cependant, tandis que la reconstruction totale du château ne semble “ni sensée ni possible”, la solution penche vers une construction reproduisant son plan et son volume, ainsi que trois des quatre façades originales. Dans cette enveloppe baroque prendrait place un complexe moderne respectant certains espaces historiques qui pourraient être reconstitués. Quant aux deux vastes cours qui caractérisaient l’ancien édifice, l’une serait couverte par une verrière et permettrait d’augmenter la surface qui pourrait atteindre quelque 100 000 m2 en tout. Trois locataires seraient susceptibles d’occuper ce complexe grandiose : les Musées d’État de Berlin qui souhaiteraient transférer les collections extra-européennes jusqu’alors conservées à Dalhem ; les collections scientifiques de l’université Humboldt, privées de lieu d’exposition, et la Bibliothèque centrale du Land et de la Ville de Berlin possédant la plus grande collection municipale d’Allemagne. Le coût total de l’opération, confiée à un architecte choisi sur concours, a été estimé à 665 millions d’euros. Une grande partie de cette somme proviendrait de fonds privés, le Land de Berlin et la fédération étant peu disposés à contribuer au nouveau projet, qui symbolise une Allemagne à la fois consciente de son propre passé et ouverte sur l’avenir. Hannes Swoboda place beaucoup d’espoir en Gerhardt Schröder pour mener à bien ce dessein.
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À Berlin, la future vie du château
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°142 du 8 février 2002, avec le titre suivant : À Berlin, la future vie du château