ARGENTEUIL
Acquise il y a près de vingt ans par la Ville, l’une des deux maisons habitées par Claude Monet est devenue un centre d’interprétation très réussi présentant les liens du peintre avec son environnement.
Argenteuil. C’est une « maison rose aux volets verts », comme la décrivait Claude Monet (1840-1926), construite par un charpentier qui misait sur l’afflux de Parisiens provoqué par l’arrivée du chemin de fer dans sa ville, en 1863. Il lui a donné le style typique de ces villas de villégiature dont il reste encore quelques exemplaires à Argenteuil. Le 1er octobre 1874, le père de l’impressionnisme, argenteuillais depuis la fin de 1871, s’installe dans ce joli pavillon avec son grand jardin. En 1875, il y peint Un coin d’appartement (1875) montrant son fils Jean et, au fond, Camille, son épouse. Les locataires quitteront les lieux à la fin de janvier 1878. Pendant ses années argenteuillaises, Monet a réalisé cent cinquante-six tableaux représentant ses jardins successifs, le vieux bourg, les bateaux sur la Seine, les ponts et les bâtiments industriels, les champs de coquelicots.
En 2003, la ville d’Argenteuil a pu préempter la maison (amputée, depuis le départ des Monet, de la moitié de son jardin) avec l’intention de l’inscrire dans le parcours de visite des lieux impressionnistes sur la Seine. L’appel d’offres pour le projet architectural et la maîtrise d’œuvre a été remporté en 2019 par l’agence LACAA. L’architecte Loup d’Avezac de Castéra a choisi de restituer l’espace intérieur d’une maison de la fin du XIXe siècle distribué en petites pièces, de conserver les parquets, de poser un carrelage en s’appuyant sur un vestige trouvé dans la cave et de rejeter les espaces techniques et servants (toilettes, etc.) dans le sous-sol. Les seuls changements notables dans l’aspect extérieur de la maison sont la reconstruction d’un jardin d’hiver, à l’emplacement de celui qu’a connu Monet, mais dont on n’avait pas la disposition exacte, et l’ajout d’une fausse lucarne pour accueillir le haut de la cage d’ascenseur.
Ce respect exemplaire des lieux se retrouve dans la scénographie réalisée par l’agence Abaque. D’une élégante discrétion, elle passe en particulier par un petit nombre de meubles chinés, peints dans les codes couleur des pièces les accueillant et aménagés pour y présenter les photographies d’œuvres rétro-éclairées, les vidéos et commentaires sonores, ainsi que les éléments de médiation à destination des jeunes et des adultes. Le public est invité par un pictogramme à ouvrir les portes de placard, les fausses fenêtres et les tiroirs pour avoir accès aux contenus. Le parcours, qui peut accueillir une quarantaine de visiteurs à la fois, aborde la vie du peintre, la ville encore rurale avec sa gare, ses ponts, la Seine, les paysages. La colonie artistique du Petit-Gennevilliers et d’Argenteuil est aussi présentée, notamment dans un espace évoquant le bateau-atelier de Monet.
Réalisée pour un montant total de 1,7 million d’euros, la Maison impressionniste Claude Monet s’inscrit dans un projet culturel global conforté par la convention de partenariat de trois ans signée, en mai 2022, par la Ville avec les Musées d’Orsay et de l’Orangerie.
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Argenteuil renoue avec Monet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°596 du 7 octobre 2022, avec le titre suivant : Argenteuil renoue avec Monet