ANGERS
À Angers, un projet de centre d’art à l’architecture étonnante attise la curiosité. Dévolu aux expositions de collections privées, le « Musée des collectionneurs » devrait ouvrir en 2022.
Angers. C’était la dernière grande parcelle disponible sur les rives de la Maine, en plein cœur d’Angers, juste en face du château : depuis le 14 mars, les 8 300 mètres carrés de la parcelle dite « Front de Maine » sont désormais destinés à accueillir un complexe immobilier comprenant un hôtel, des logements, des espaces de cotravail et surtout un étonnant « Musée des collectionneurs ». Conçu par l’agence de l’architecte américain Steven Holl, à l’initiative du promoteur immobilier La Compagnie de Phalsbourg, le projet est estimé à 88 millions d’euros.
Issu des réflexions d’Yves Journo, fondateur de la Compagnie de Phalsbourg, le concept de « Musée des collectionneurs » associé à l’architecture de Holl a séduit le jury de l’appel à projets « Imagine Angers » qui l’a choisi parmi six candidatures. « C’est une programmation exceptionnelle pour une parcelle particulièrement emblématique à Angers », s’enthousiasme Marie Chambolle, directrice de l’aménagement et du développement des territoires de la Ville d’Angers et d’Angers Loire Métropole. En effet, l’actuel terrain vague servant de parking a vu plusieurs projets publics abandonnés ces dernières années, malgré sa mitoyenneté avec Le Quai, scène culturelle accueillant depuis 2007 le Théâtre d’Angers et le Centre national de danse contemporaine. La parcelle dispose également d’une vue imprenable sur les tours du château d’Angers, de l’autre côté de la rive de la Maine.
Autant d’éléments qui ont séduit la Compagnie de Phalsbourg, habituée des appels à projets depuis le succès de « Réinventer Paris » en 2016 (trois projets lauréats) et d’« Inventons la Métropole du Grand Paris » en 2017 (cinq projets lauréats). La Compagnie a fait de ses collaborations avec des grands noms – Daniel Libeskind à Toulouse ou Gianni Ranaulo à Metz – sa marque de fabrique. « C’est notre culture d’entreprise que de travailler avec de grands architectes », explique Mathieu Boncour, responsable des relations institutionnelles et du mécénat au sein de la Compagnie. « À Angers, nous avons déjà construit l’Atoll [centre commercial de 91 000 m2 inauguré en 2012, NDLR] et nous sommes déjà mécènes du Théâtre du Quai », rappelle-t-il pour retracer les liens de la Compagnie avec Angers.
« Cette idée de musée a germé en lien avec l’activité de mécénat développée par la Compagnie depuis dix ans, poursuit Mathieu Boncour. Nous sommes très engagés en termes de mécénat : à destination du patrimoine avec la restauration des façades de l’Ensba à Paris, ou de la transmission avec le fonds de dotation Inpact. » Et Philippe Journo, président-directeur de la société, 67e fortune de France au classement établi par Challenges en 2017, est personnellement collectionneur d’art. « Il a fait le constat que peu de collectionneurs peuvent proposer un lieu pour exposer leurs collections », souligne son collaborateur. L’idée sera de proposer, dans un lieu ouvert à tous, des espaces d’exposition pour présenter à la fois des collections en tant que telles et des expositions thématiques issues de collections privées.
L’objectif sous-jacent ne serait-il pas de valoriser, même de manière artificielle, des œuvres, en leur conférant ce cachet « muséal » ? « Il y aura un comité scientifique dont fera partie Jean-Jacques Aillagon [ancien ministre de la Culture], pour évaluer les projets soumis », défend-on à la Compagnie, ajoutant qu’il est trop tôt pour parler organigramme ou personnalités présentes dans ce comité. Tout juste connaîtra-t-on le thème de la première exposition : « Apocalypse Now », en hommage à la célèbre tenture de l’Apocalypse conservée à Angers, sur une proposition de Jean-Jacques Aillagon, conseiller du projet. Un thème transversal « pour ne pas cantonner le futur musée à l’art contemporain ».
Les organisateurs espèrent faire venir entre 100 000 et 150 000 visiteurs par an, et créer un nouveau parcours culturel dans la ville, déjà bien pourvue avec ses cinq musées municipaux et, encore en gestation, son centre d’art contemporain.
En attendant, le « Musée des collectionneurs », avec en tête de proue ses quatre grands volumes minéraux conçus par Steven Holl, fait déjà parler de lui parmi les Angevins. Dans le livre d’or de l’exposition des candidats présentée au Théâtre du Quai, on le surnomme « les Dents de la Maine ». Ouverture prévue en 2022.
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À Angers, un surprenant « Musée des collectionneurs »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°499 du 13 avril 2018, avec le titre suivant : Un surprenant « Musée des collectionneurs »