Yuko Hasegawa, la commissaire de la Biennale de Sharjah (Émirats arabes unis) qui accueille jusqu’au 13 mai une centaine d’artistes, entend « réévaluer le savoir trop marqué par la vision occidentale ». Au plan artistique, l’engagement est tenu. Comme pour la foire de Dubaï qui s’est déroulée au même moment (lire p. 27), la majorité des artistes vient de la région et expose des œuvres d’esprit et de forme plus orientales. Tout n’est pas de même niveau, mais enfin c’est une brèche dans la mondialisation artistique. En revanche on ne peut que regretter l’absence presque totale de témoignages sur les enjeux actuels du monde arabe. Rien sur la guerre civile en Syrie, rien sur le Printemps arabe en train d’être confisqué par les islamistes radicaux, rien sur la main-d’œuvre locale immigrée dont les conditions d’existence font l’objet de nombreuses rumeurs de maltraitance. Les artistes et la commissaire se sont autocensurés. Les premiers car ils ont trop besoin d’être présents dans ces manifestations organisées par les États du Golfe qui dominent le marché de l’art de la région, la seconde car elle ne souhaite pas être congédiée comme le fut son prédécesseur Jack Persekian pour avoir exposé une œuvre politique qui a déplu à l’émir de Sharjah. Les thèmes ne sont pas pour autant uniquement tournés vers la culture vernaculaire. Le nationalisme américain et iranien, le traditionnel rival des pétromonarchies du Golfe, est par exemple dénoncé par l’Iranienne Sara Rahbar. La situation des Palestiniens ou les malheurs de Beyrouth, politiquement corrects aux yeux des émirs font l’objet de plusieurs vidéos, d’ailleurs particulièrement nombreuses dans cette édition. Faut-il alors rejeter en bloc ces manifestations au motif qu’elles sont trop encadrées ? Non, car comme nous l’avons souvent écrit, quel que soit leur formatage, elles éduquent inconsciemment les élites émiriennes à la démocratie.
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Une biennale décentrée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°388 du 29 mars 2013, avec le titre suivant : Une biennale décentrée