Inauguré le 20 juin, ouvert au public le 23, le Musée du quai Branly vient aujourd’hui bousculer le paysage muséal parisien. Longtemps attendue, l’institution a amarré son grand vaisseau un peu maladroit sur le bord de la Seine, non loin du Musée Guimet et en face du Musée d’art moderne de la Ville de Paris et du Palais de Tokyo, un ensemble qui va former le plus dense quartier de musées de la capitale.
Lancé par Jacques Chirac dès 1995, ce projet est sans équivalent en France depuis l’ouverture du Centre Georges-Pompidou en 1977. Le parallèle avec Beaubourg existe à plusieurs niveaux. Comme lui, le nouveau musée se veut un centre d’art et de culture, un lieu vivant où se rencontreront les arts à travers expositions, spectacles et projections. Comme lui, il s’appuie sur des collections préexistantes, puisque ses 300 000 pièces proviennent du Musée des arts d’Afrique et d’Océanie, mais surtout, pour 90 % d’entre elles, du laboratoire d’ethnologie du Musée de l’Homme. 4 500 œuvres ont cependant été acquises par le musée lui-même, la dernière en date, le 18 juin, avec la préemption d’un linteau en bois polychrome de Nouvelle-Guinée lors de la vente Vérité à Drouot. La comparaison avec le Centre s’arrête là. Face aux 5 millions d’entrées annuelles de Beaubourg, le Musée du quai Branly a pour ambition d’attirer chaque année entre 800 000 et 1,2 million de visiteurs seulement, soit une fréquentation comparable à celle du Musée de l’armée.
Né dans un climat de polémique et de résistances, de décolonisation mal assumée, s’ouvre aujourd’hui un outil unique, au moins en Europe, de rapprochement avec les civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. Au-delà de son apport du point de vue scientifique, pédagogique ou… diplomatique, l’institution a déjà eu au moins un effet bénéfique : sur le marché, en faisant de Paris la capitale incontestée pour les arts premiers. Preuve en est le record de 44 millions d’euros réalisé les 17 et 18 juin par la vente de la collection Vérité !
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un regard sur l’Autre
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°240 du 23 juin 2006, avec le titre suivant : Un regard sur l’Autre