« Si notre génération de Parisiens était virile comme certaines générations de notre histoire, elle démolirait le Grand Palais et le Petit Palais qui sont deux monstruosités architecturales ». Ainsi s’exprimait en 1972 l’architecte André Wogenscky, un proche de Le Corbusier (1), poursuivant une vieille tradition de détestation de ce vaisseau de l’avenue des Champs-Élysées, monument élevé à la gloire des arts par la IIIe République en 1900, avant d’être très vite démodé. Paradoxalement, le Grand Palais, ce bâtiment tant décrié, est devenu en ce début de XXIe siècle le symbole de l’excellence culturelle française, accueillant les foires d’art les plus prestigieuses et des expositions événements comme « Monumenta » ou « La Force de l’art ». Cette image n’est sans doute pas étrangère au choix qu’ont fait les maisons Christie’s et Pierre Bergé & Associés pour y organiser la vente Yves Saint Laurent et Pierre Bergé. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le marteau résonnera à Paris dans un monument de la fin du XIXe siècle : de 1976 à 1980, l’hôtel Drouot s’était en effet installé avec beaucoup de succès dans la gare d’Orsay, avant qu’elle ne soit transformée en musée.
Dans cet écrin majestueux, la dispersion de la collection réunie par les deux hommes s’annonce comme un événement planétaire. Certes, elle arrive au plus mauvais moment. Et les premières estimations officieuses – de 300 à 500 millions d’euros – ont été revues à la baisse. Mais la quantité et qualité des objets, ainsi que leur provenance pourraient générer entre 200 et 300 millions d’euros, un montant jamais atteint par une collection privée au cours des cent dernières années. Au-delà des superlatifs, il faut enfin saluer la décision de Pierre Bergé d’avoir permis à ce que les capitales mondiales de la mode et du marché de l’art coïncident le temps d’une vente avec la même ville : Paris.
(1) Cité in Bernard Marrey, Le Grand Palais, sa construction, son histoire, éd. Picard, 2006.
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Un écrin pour la vente du siècle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°297 du 20 février 2009, avec le titre suivant : Un écrin pour la vente du siècle