La nomination de Catherine Pégard à la tête du domaine national de Versailles est une faute. Ce n’est pas la personne qui est ici en cause, mais son CV.
Trente ans de journalisme politique et un passage au cabinet présidentiel ne sont pas un viatique suffisant pour diriger un site complexe, qui emploie 1 000 collaborateurs, accueille 3,5 millions de visiteurs et gère un budget de 80 millions d’euros. Le ministre de la Culture était lui-même très embarrassé pour faire l’éloge de la nouvelle présidente, ne sachant mettre en avant que « [sa] grande culture, [ses] qualités d’organisation et [son] talent avéré en matière de communication ». Faisons ici un sort au débat sur les procédures de nomination à la tête des organismes publics. S’il est vrai que la morale exige des procédures indépendantes et transparentes, celles-ci sont souvent factices et hypocrites. La volonté présidentielle s’exprime toujours d’une manière ou d’une autre, reflétant en cela la situation dans toute la fonction publique. Combien de postes « coloriés » ou de commissions ad hoc pour désigner le candidat voulu ?
Que Nicolas Sarkozy veuille récompenser sa collaboratrice est dans l’ordre des choses, mais pas à Versailles. Il y a quantité de directeurs de musées tout à fait capables de diriger l’institution et tout autant d’agences publiques plus modestes où les qualités de Catherine Pégard auraient trouvé à être employées. Le président pense-t-il que la carrière journalistique de Catherine Pégard va lui assurer une certaine immunité au sein de la sphère médiatique, comme ce fut le cas pour Frédéric Mitterrand ? Cela ne vaut qu’un temps. Jean-Jacques Aillagon, que les rédactions de L’Œil et du JdA avaient désigné « l’homme le plus influent dans le monde de l’art en France », et qui n’a pas démérité à Versailles, souligne à l’envi, depuis sa disgrâce, l’affaiblissement du ministère et de son titulaire. Il n’y a finalement qu’une seule bonne nouvelle dans cette histoire : après Christine Albanel, le château de Versailles retrouve une femme à sa tête.
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Si Versailles m’était conté
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°352 du 9 septembre 2011, avec le titre suivant : Si Versailles m’était conté