Le meilleur service que les médias puissent rendre maintenant à Frédéric Mitterrand, c’est de le traiter avec équité certes, mais sans complaisance. Car passée la phase de soutiens appuyés que lui ont apportés, légitimement, de nombreux éditorialistes de droite et de gauche, il est important de revenir « aux affaires » et de traiter « l’affaire » avec raison. Le ministre a tout à y gagner.
L’opinion publique, aujourd’hui favorable à 45 % au ministre (sondage IPSOS/Le Point du 15 octobre), est versatile. Elle a été émue par ses explications sur TF1 et lui reconnaît une légitimité dans sa fonction. Mais il ne faudrait pas qu’elle ait le sentiment que Les jugements de cour, selon La Fontaine, entendez ici les jugements des médias, le rendent blanc, car il est l’un des leurs. Frédéric Mitterrand est le ministre de tutelle des médias, et notamment de l’audiovisuel public, c’est son ministère qui va distribuer les aides à la presse. Enfin, il est proche et ami de nombreux journalistes, ce que le public sait. Si le PS est (provisoirement) muselé après le tir de barrage de nombreux intellectuels et le front apparemment solidaire de la majorité présidentielle, il est à craindre que le Front national ne lâche pas sa proie et perturbe les déplacements du ministre, comme elle l’a fait à Bordeaux pour l’inauguration d’Evento. Un remake des intermittents du spectacle et de Jean-Jacques Aillagon qui pourrait faire basculer l’opinion.
Frédéric Mitterrand est un homme courageux et authentique, un bon communicant, et plus encore pour ce qui concerne l’action publique, il a l’étoffe d’un grand ministre de la Culture. Ses premiers mois, faits d’écoute et de nombreux déplacements sur le terrain, ont démontré ses qualités d’ouverture. Son premier budget signale que son ministère dispose du soutien du président. Son action ne doit pas être paralysée par la multiplication des protestations.
Voilà pourquoi nous avons souhaité, dans ce numéro de novembre, étudier dans le détail le projet de budget 2010 de la Culture pour en dégager les lignes de force susceptibles d’enrichir les affaires culturelles, comme on désignait le ministère dans les années 1960. Au nom d’une conception sereine de la bonne vie républicaine.
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Selon que vous serez puissant ou misérable
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°618 du 1 novembre 2009, avec le titre suivant : Selon que vous serez puissant ou misérable