Vendredi 12 février au matin, dans l’hémicycle du Sénat. Audrey Azoulay a appris la veille qu’elle était la nouvelle ministre de la Culture. La passation de pouvoir avec Fleur Pellerin n’a pas encore lieu et elle soutient déjà la loi « Liberté de création, architecture et patrimoine ». Elle lit le texte que lui tend son directeur du patrimoine au ministère avec tellement de conviction et d’aisance qu’elle semble connaître par cœur l’étude d’impact de l’article 17, objet de la présente discussion. Et si le bon profil pour un ministre de la Culture n’était pas celui d’un acteur capable de réciter un discours et lire des notes préparées par d’autres, sans en comprendre véritablement le fond mais en déployant toutes les techniques de la rhétorique ? Alterner anecdotes et propos grandiloquents, citations littéraires et articles du code du patrimoine, petites phrases et références à de grands auteurs, tout cela en fonction de son auditoire ? Dans ce théâtre des apparences qu’est le jeu politico-médiatique où le verbe compte plus que l’action, ne faut-il pas un ministre de la Culture excellent comédien, s’appuyant sur une administration et un cabinet composés de très bons techniciens ? Après tout, un précédent existe, il s’agit de Ronald Reagan, président des États-Unis en 1980 et triomphalement réélu en 1984. Acteur de séries B à ses débuts, il savait « crever » l’écran, haranguer une foule ou charmer ses interlocuteurs en privé. Et lors des réunions du G7, il répondait aux autres dirigeants du monde en lisant les fiches rédigées par ses conseillers.
Ce mauvais scénario ne se réalisera jamais, du moins on l’espère, mais il doit trotter dans la tête de nos dirigeants toujours en recherche du meilleur casting pour la Rue de Valois. S’agissant de Fleur Pellerin, évincée pour ses erreurs de communication – dit-on –, la responsabilité en revient surtout à François Hollande qui l’a propulsée dans un rôle où elle était à contre-emploi, et que d’ailleurs elle ne demandait pas, alors que l’économie numérique semblait taillée pour elle.
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Ronald Reagan
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°451 du 19 février 2016, avec le titre suivant : Ronald Reagan