Numéro un

Vous les croisez régulièrement dans les pages du Journal des Arts. Ce sont les artistes, galeristes, directeurs de musée, architectes, designers, collectionneurs, antiquaires, directeurs de foire qui font l’actualité de l’art à travers le monde. Pour la première fois, nous avons essayé d’analyser leur influence, de décrypter leurs réseaux, de comprendre leur poids dans les choix de la programmation des grands musées ou sur la cote des artistes les plus importants, de mesurer leur rôle dans la constitution des plus grandes collections d’art privées et publiques. Ils sont cent, femmes et hommes venant des quatre coins du monde, d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Afrique, classés de façon aussi objective que possible, même si l’exercice n’est pas exempt d’une part de subjectivité assumée. Mais, assurément, notre dossier réunit la fine fleur de l’art mondial.
Alors qui se cache sur notre « une » ? Vous l’aurez peut-être deviné, il s’agit du galeriste américain Larry Gagosian, que nous avons considéré comme étant la personne la plus influente du monde de l’art en 2010. Le fait que nous ayons placé, à la première place, un marchand pourra étonner. Mais ce choix témoigne de l’évolution du monde de l’art tel qu’il existe aujourd’hui, où le marché a pris un poids considérable. Il est devenu courant que les œuvres exposées dans les musées ou les grandes biennales d’art contemporain soient entièrement financées par les galeries. Le monde de l’art est aussi rythmé par les événements marchands que sont les foires. Paris en est le témoin avec l’effervescence qui entoure chaque année la FIAC en octobre. Et puis les marchands sont des intermédiaires privilégiés entre les artistes et les grands collectionneurs ou directeurs de musée. Dans ce contexte, Larry Gagosian a réussi à bâtir un empire, une multinationale qui convoque tout autant Rodin ou Giacometti que Hirst et Murakami. Il est en permanence à la croisée des chemins. Pour nous, il est numéro un.