Le gouvernement Villepin continue de négocier son Louvre à Abou Dhabi, fasciné tel Aladin par les nouvelles richesses potentielles qu’il vient de découvrir. Mais depuis la publication dans notre édition du 15 décembre des grandes lignes du projet, le débat a pris une nouvelle ampleur. Cependant, même si de nombreuses personnes – parmi lesquelles beaucoup de conservateurs, un fait plutôt inhabituel puisque ceux-ci sont contraints au devoir de réserve – ont dit publiquement leur opposition à ce dessein, la signature du contrat semble aujourd’hui inéluctable. Dans sa course en avant, on voit mal ce qui empêcherait le ministère de la Culture de mener à bien ce « Louvre » exotique, dont l’ouverture est déjà prévue pour 2012.
Bien sûr, il s’agit ici d’une opposition au principe même de ce chantier et non pas à ce pays des Émirats arabes unis. Partenaire commercial privilégié de la France dans la région, Abou Dhabi resserre actuellement ses liens avec elle dans le domaine culturel. La première étape a été franchie avec le lancement de l’université Paris-Sorbonne - Abou Dhabi. Le second acte aura lieu en novembre avec le lancement de la foire d’art moderne et contemporain « Art Paris Abou Dhabi » (lire p. 26). Première mouture étrangère du salon parisien, cet événement a d’ores et déjà négocié un contrat d’exclusivité d’une durée de dix ans, empêchant toute autre foire de s’installer dans l’émirat.
Pourtant, le projet « Louvre » soulève d’autres interrogations peu débattues jusqu’à présent, notamment celle de la sécurité de ces œuvres envoyées pour de longues périodes dans une région présentée par beaucoup de spécialistes comme l’une des plus instables de la planète. À quelques encablures de l’Iran, comment sera perçu dans quelques années cet îlot de chefs-d’œuvre de l’art occidental, avec toute la symbolique qui leur est attachée ? Cette question est d’autant plus cruciale qu’elle ne concerne pas quelques vulgaires actifs mais le patrimoine de tous les Français.
Parce que même dans les plus belles lampes, il peut se cacher de bien mauvais génies.
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Mauvais génies
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°251 du 19 janvier 2007, avec le titre suivant : Mauvais génies