L'Europe de la culture

Tout juste nommé ministre de la Culture et de la Communication (lire p. 3), Renaud Donnedieu de Vabres a présenté en Conseil des ministres le 7 avril la politique de la France en faveur de l’Europe de la culture. Dans un mémorandum préparé par son prédécesseur et qui a été adressé en février dernier à la présidence irlandaise, au Parlement européen, à la Commission européenne et aux États membres, la France se fait le chantre d’une nouvelle ambition pour la culture sur le Vieux Continent, au moment où dix pays vont venir rejoindre l’Union européenne et à quelques mois de l’élection d’un nouveau Parlement européen. Ce document de vingt-sept pages réunit seize propositions dans tous les domaines de la culture et de la communication, pour défendre la diversité culturelle, garantir le financement de la culture, favoriser le développement des industries culturelles, confirmer la spécificité et l’ambition européennes dans le domaine audiovisuel, et intensifier les échanges
culturels en Europe. Initié par Jean-Jacques Aillagon, ce texte plaide notamment pour une forte augmentation du budget de la Culture au niveau européen. Il milite également contre les deux bêtes noires du Syndicat national des antiquaires, c’est-à-dire la TVA à l’importation et le droit de suite. Enfin, au niveau du patrimoine, ce mémorandum propose entre autres la création d’un label « patrimoine européen » sur le modèle de celui qui existe au niveau de l’Unesco.
Cette nouvelle impulsion que veut donner la France à l’Europe de la culture est primordiale à l’heure de l’élargissement de l’Union, dans un monde de plus en plus submergé par les productions américaines qui cherchent notamment à séduire « la nouvelle Europe ». La Pologne, dont la Saison culturelle s’ouvre en France au début du mois de mai, semble d’ailleurs rejoindre notre pays dans son désir de sauvegarder notre exception culturelle. Et, comme le souligne Ryszard Kubiak, commissaire général pour la Pologne de Nova Polska : « À vingt-cinq, nous sommes toujours plus nombreux qu’à quinze ! »