Les grandes tendances des expos en 2020

La collection Morozov à la Fondation Vuitton dépassera vraisemblablement le million de visiteurs – comme l’exposition « Toutânkhamon » – et l’ouverture de la Bourse de commerce avec la collection Pinault va, en toute logique, susciter la même effervescence que Léonard au Louvre.

Il n’est pas anodin que ce soit deux structures privées, qui plus est dirigées par deux milliardaires hors norme qui soient impliquées. On l’a dit et redit, les grandes expositions coûtent cher à produire et faire connaître, seule une poignée de musées et fondations ont, aujourd’hui, les moyens d’atteindre les standards des industries culturelles.

Il est, en revanche, inhabituel que l’art contemporain figure en haut de l’affiche. Rares sont les expositions d’art contemporain à dépasser les 500 000 visiteurs. La Biennale de Venise tangente les 600 000 entrées, tandis qu’en France, uniquement Jeff Koons et David Hockney – deux artistes médiatiques pour diverses raisons – au Centre Pompidou, ont franchi cette barre.

Paradoxalement, les manifestations d’art actuel sont nettement plus nombreuses, elles représentent plus de 70 % du millier d’expositions recensées à ce jour dans le monde pour 2020. Moins coûteuses, souvent financées indirectement par des galeries ou des collectionneurs, quasi inépuisables (plusieurs dizaines de milliers d’artistes arrivent chaque année sur le marché dans le monde), et, la plupart du temps dans un format réduit, elles sont plus faciles à organiser. Mais il faut toute la notoriété du Centre Pompidou et demain de la collection Pinault pour faire venir le grand public pour voir de l’art contemporain.

Un artiste à la charnière de l’art moderne et de l’art contemporain échappe cependant à toute catégorisation : Picasso. Son nom seul, comme Léonard de Vinci, est le gage d’un succès d’audience poussant les musées à le mettre à toutes les sauces – ce qui n’est pas difficile pour un artiste aussi génial, divers et prolixe. La vague Picasso devrait cependant perdre de son intensité. Avec pas moins d’une trentaine d’expositions dans le monde en 2019, on frisait l’indigestion. À ce jour, on en dénombre une dizaine en 2020. Mais déjà, une autre vague fait son retour : l’impressionnisme. Le Festival normand revient avec ses peintres de la couleur et du plein air. Une bouffée d’optimisme pour oublier les tensions sociales actuelles.