La réouverture de tous les espaces du Palais de Tokyo dans une nouvelle formule audacieuse confirme, si cela est encore nécessaire, combien était pertinente la décision d’unification des lieux prise en 2009 par Christine Albanel. Un seul opérateur pour un site qui, par la superficie, est le plus grand centre d’art d’Europe, s’impose naturellement et l’on comprend mal pourquoi le ministère a penché un temps pour un partage des lieux avec le Centre Pompidou. Sur le papier, les ambitions du talentueux Jean de Loisy sont élevées. Le Palais de Tokyo pourrait bien être un nouveau phare mondial de la création contemporaine. Le patron des lieux, qui a dû monter le projet en moins d’un an voudrait en particulier reconquérir le public des « quadra » et quinquagénaires, moins par solidarité générationnelle que par réalisme économique. Il lui faut en effet trouver 500 000 visiteurs payants pour équilibrer ses comptes. C’est un public plus exigeant sur le confort de la visite et plus classique dans ses goûts que le public « arty » habituel. Mais de ce que l’on a vu de la préouverture et de la Triennale, il y a encore du chemin à faire pour toucher ce public. Une autre ambiguïté concerne la « valorisation de la scène française » qui doit être « une priorité essentielle de la programmation du Palais », comme le soulignait Nicolas Sarkozy dans nos colonnes (lire JdA n° 367). Okwui Enwezor, le commissaire de la Triennale lui a indirectement répondu en présentant moins d’un petit tiers d’artistes travaillant en France. Jean de Loisy voudrait exposer 60 % d’artistes français. Mais lesquels ? Les jeunes ? Les confirmés ? Et dans quelle proportion ? Ce débat malheureusement biaisé devrait resurgir très prochainement, ce qui ne sera pas le cas de celui sur la paternité des lieux. C’est sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy que le Palais de Tokyo aura pris son essor. Pas sûr que le tribunal de l’histoire lui en porte crédit.
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Les deux pères du Palais de Tokyo
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°368 du 27 avril 2012, avec le titre suivant : Les deux pères du Palais de Tokyo