L’économie des festivals

C’est un chiffre qui va à contre-courant de l’opinion du moment et qui a dû sérieusement embarrasser nos confrères de Télérama qui l’a publié le 8 juin dernier. Selon l’hebdomadaire, qui s’appuie sur 350 questionnaires adressés aux structures du spectacle vivant, les aides publiques ont baissé de seulement 0,3 % en 2016. Qui plus est, cette quasi-stagnation fait suite à une hausse de 3 % en deux ans. Le décalage entre deux réalités, ce chiffre et les nombreuses alertes émanant d’entreprises de spectacle sur la baisse des subventions octroyées par les collectivités territoriales, montre d’abord la nécessité de disposer de statistiques sérieuses. La Rue de Valois a annoncé la mise en place d’un « observatoire de la création artistique », il est à souhaiter que celui-ci ne se limite pas aux seules entrées et collecte les aides publiques à la création avec des indicateurs semestriels par échantillonnage. Globalement, à en juger par le nombre de festivals, de théâtres et de troupes, le spectacle vivant n’a jamais été aussi foisonnant en France. Mais chaque spectacle, pris individuellement, a une économie fragile. Il faudra bien un jour se poser la question de l’évaluation des aides, un sujet qui reste tabou. Dans l’immédiat, il faut parer au plus pressé. Le plus pressé, c’est moins l’impact des baisses des dotations publiques que les conséquences des attentats qui ont provoqué un redoutable effet de ciseau : baisse de la fréquentation et hausse des coûts pour la sécurité des spectateurs. Le gouvernement, qui avait dégelé en avril 50 millions d’euros de crédits de paiement pour la Création, non sans arrière-pensées électorales, vient d’ajouter 7 millions d’euros au fonds d’urgence au spectacle vivant, initialement doté déjà de 7 millions.

Le Journal des Arts vous souhaite un bel été sur cette route des festivals et des expositions et vous donne rendez-vous le 4 septembre pour la prochaine édition papier et tous les jours sur son site.