Société. Jamais à l’orée des vacances estivales les périls n’ont paru si élevés et les conséquences sur le milieu culturel si incertaines que depuis la guerre du Golfe, il y a trente ans exactement.
L’épidémie de Covid-19 est loin d’être terminée dans le monde, bien au contraire. Et même si un reconfinement généralisé paraît peu probable en France, la chute du tourisme étranger, les protocoles sanitaires et la crainte, pour de nombreux visiteurs, vont durablement affecter la fréquentation dans les musées et lieux d’art. À moins qu’un vaccin ne soit trouvé rapidement.
L’économie est entrée en phase de récession partout dans le monde, et, après avoir été mise sous cloche au printemps, les entreprises vont sans doute payer un lourd tribut à l’automne. Les marchands d’art risquent d’être autant à la peine que lors du krach de 1990-1992, qui a vu tant de galeries réputées déposer le bilan. Les foires, qui ont fait irruption sur le marché depuis trente ans, sont particulièrement exposées en raison même de leur modèle, qui après avoir fait leur force fait aujourd’hui leur faiblesse. Après l’annulation de l’ex-Biennale des antiquaires ou d’Art Basel à Hongkong puis à Bâle, l’incertitude règne sur la Fiac, Frieze, Paris Photo et Art Basel Miami Beach.
Les perspectives sont tout aussi sombres pour les jeunes diplômés en général, et ceux des filières artistiques en particulier qui vont avoir du mal à trouver un premier emploi dans le secteur culturel. À moins que les plans de relance des pays occidentaux, dont celui de la France attendu en septembre, ne limitent les effets de la récession.
Sans atteindre le niveau de la guerre en Irak, les tensions géopolitiques ont pris un nouveau visage avec l’agenda d’une Chine de plus en plus décidée à faire valoir son modèle autoritaire et à imposer sa souveraineté dans ce qu’elle considère comme son pré carré. Comment va évoluer la situation à Hongkong après le vote de la loi sur la sécurité nationale ? Sera-t-il encore possible pour les galeries occidentales de rester dans l’ancienne colonie britannique ? Art Basel Hong Kong a-t-il encore un avenir ? À l’autre bout de la planète, les États-Unis vont-ils continuer à s’isoler ? À moins que Joe Biden ne remplace Trump et que le Parti communiste chinois, inquiet de la situation sociale et économique locale, ne marginalise Xi Jinping.
« Mon centre cède, ma droite recule. Situation excellente, j’attaque » : la formule du maréchal Foch en 1914 est bien appropriée à cette heure. Commençons donc par faire le plein de forces cet été et réfléchissons aux opportunités ouvertes par ces crises multidimensionnelles.
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Le temps des périls et des incertitudes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°549 du 3 juillet 2020, avec le titre suivant : Le temps des périls et des incertitudes