Le Grand Paris de Nicolas Sarkozy est à la fois ambitieux et concret. Ambitieux, car il propose un schéma d’aménagement global de toute l’Île-de-France et même jusqu’au Havre ; concret, car il s’intéresse au quotidien des Franciliens (transport, logement). Nous sommes là dans ce que la politique a de plus noble. Du reste, son discours du 29 avril à la cité de l’Architecture a été reçu favorablement par les élus d’opposition. Il faut dire que le projet est largement alimenté par les travaux de dix équipes pluridisciplinaires qui ont eu carte blanche pour repenser la capitale dans tous ses aspects.
Mais si l’on peut saluer la visée et la démarche, il convient de rester lucide. C’est dans la mise en œuvre que résident les difficultés : par exemple, dans la réforme du code de l’urbanisme visant à densifier le bâti, ou encore dans le financement des grands travaux.
La vallée de la Seine apparaît comme la colonne vertébrale de ce Grand Paris. Nicolas Sarkozy relève avec pertinence que tous les grands centres culturels se déploient sur cet axe : de la fondation Louis Vuitton à l’ouest (notons au passage la reconnaissance d’un « musée » entièrement privé et pas encore construit), au pôle « Image et Médias » à Marne-la-Vallée, en passant par les grands musées du centre de Paris. Il encourage le développement de ces grands centres qui allient culture, recherche et enseignement, car « ils jouent le rôle le plus déterminant dans la dynamique des territoires de la métropole ». Mais ce qui est vrai du point de vue de l’aménagement du territoire ne l’est pas tout à fait du point de vue social, le parent pauvre du discours du 29 avril.
Les populations modestes des quartiers défavorisés n’iront jamais dans ces grands pôles. Trop intimidants, trop élitistes. Il faudrait accompagner le développement de la « vallée de la culture » d’une politique d’essaimage de petits lieux d’expositions dans les zones excentrées et fortement habitées. Alimentés par des prêts des grands musées, ces lieux d’expositions temporaires de longue durée pourraient offrir un large aperçu de l’histoire de l’art. Des antiquités égyptiennes à la création contemporaine.
Montrer l’art ancien est du simple bon sens. Il y a certes de nombreux centres d’art dans les quartiers, mais ils n’exposent le plus souvent que de l’art contemporain, supposant que quelqu’un qui n’a aucune culture artistique aura la révélation devant une œuvre conceptuelle. L’idée de ces centres d’art délocalisés n’est pas neuve, mais elle peine à trouver un commencement de réalisation. Il est parfois plus facile de voir grand.
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Le Grand Paris de la culture
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°614 du 1 juin 2009, avec le titre suivant : Le Grand Paris de la culture