Le Changement, c’est maintenant , a promis François Hollande durant sa campagne. Une première initiative témoigne de sa volonté de changer : son portrait officiel. François Hollande a souhaité rompre avec les portraits posés de la Renaissance, héritage transmis par tous les présidents de la Ve République depuis le général de Gaulle. Le cliché montre cette fois un président en mouvement marchant d’un pas déterminé dans les jardins de l’Élysée. Clin d’œil évident au portrait de son ami corrézien Jacques Chirac qui, le premier, s’était exposé dans ce même parc en 1995, la prise de vues n’est toutefois plus resserrée sur son sujet, laissant voir un halo important de verdure. Si Chirac avait posé devant l’objectif de Bettina Rheims, François Hollande a, lui, fait appel au photographe Raymond Depardon. En la matière, les symboles ont leur importance : Valéry Giscard d’Estaing avait sollicité Jacques-Henri Lartigue, le photographe de la modernité ; François Mitterrand, Gisèle Freund, la portraitiste des écrivains ; Nicolas Sarkozy, Philippe Warrin, le reporter des stars et du… Loft. Hollande choisit donc Depardon, cet ancien photoreporter de guerre devenu photographe en titre du terroir . François Hollande est un homme qui est né et a fait sa carrière en province, un président naturel qui aime les beaux paysages de la France et qui tient à le montrer. Raymond Depardon lui aussi aime ce territoire qu’il a sillonné au volant de son camping-car du nord au sud, d’est en ouest. Il en a tiré un livre au Seuil et une exposition à la BNF en 2010 : La France de Raymond Depardon . Comme pour enfoncer le clou, son documentaire Journal de France est sorti en salle le 13 juin, soit quelques jours après la présentation de son portrait officiel… Mais en faisant le choix de Depardon, photographe reconnu de tous depuis qu’il a créé avec Gilles Caron en 1966 l’agence Gamma, représentant d’une forme historique – et révolue ? – du photoreportage, le président Hollande a omis d’envoyer le signal d’un changement encore plus symbolique : celui du renouvellement.
Le Changement justement, c’est ce à quoi appelle l’Association des professeurs d’archéologie et d’histoire de l’art des universités (Apahau) dans son Livre blanc sur l’enseignement de l’histoire des arts (publié en juin sur son site). Dans ce texte en forme de réquisitoire, l’association souligne l’échec de l’enseignement de l’histoire des arts rendu obligatoire en 2008. Parmi les propositions formulées par l’Apahau, trois sont pleines de bon sens : former et recruter des enseignants, définir un programme et évaluer les élèves. Ce Livre blanc arrive à point nommé, au moment où le gouvernement envisage de réformer les rythmes scolaires et de revenir à la semaine de 4,5 jours. Le moment idéal donc pour remettre à plat les programmes et intégrer durablement l’enseignement de l’histoire des art à l’école. Nous vivons, dit le livre, dans une société où l’accès à l’information et la lecture critique des images sont devenus des enjeux discriminants . Une société qui ne donne toujours pas les clés pour lire ses portraits officiels …
Mais du changement, il ne faut pas toujours attendre du bien. Ainsi de la modification de la loi sur le mécénat mise à l’étude par Bercy qui entend réduire de 60 à 30 % la part des dons susceptibles d’être déduits des impôts par les entreprises mécènes. Un marronnier politique certes – on se souvient de la proposition d’amendement déjà faite par le PS en 2011 –, mais un marronnier qui, s’il devait porter ses fruits, risquerait de fragiliser gravement les musées et le patrimoine de France. Aurélie Filippetti a promis de sortir ses muscles. Reste à savoir qui aura les plus puissants : la ministre de la Culture ou son collègue des Finances, Pierre Moscovici ?
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Le changement
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°648 du 1 juillet 2012, avec le titre suivant : Le changement