Le chantier de”¯la rocade du Grand Paris n’a pas encore commencé – loin s’en faut – que déjà deux galeries se placent dans la perspective d’une capitale repoussant ses”¯murs (voir l’article p.”¯44). Elles ont le même objectif que leurs consœurs”¯: gagner des espaces pour présenter des œuvres monumentales ou de vastes ensembles mais affichent deux stratégies différentes.
Au Bourget, Larry Gagosian se place en bout de piste afin de recevoir des clients atterrissant du monde entier pour un rendez-vous ne les obligeant pas à risquer de perdre du temps dans la capitale. Ceux-ci collectionnent sincèrement et amplement, ou bien gèrent l’art comme un placement financier et un statut social, ou achètent en ne négligeant aucune des deux facettes. Le Bourget leur est avant tout destiné. À Pantin, Thaddaeus Ropac veut séduire cette clientèle fortunée, mais lui, joue encore sur la ville intra-muros et mise sur l’attractivité accrue du nord-est parisien grâce à la future Philharmonie. Il annonce pour Pantin une programmation annuelle de quatre expositions confiées à des commissaires internationaux. Gagosian a déjà onze galeries dans le monde, Ropac deux « seulement », mais dit vouloir s’ancrer à Paris. En ouvrant sa galerie en 1990 dans le Marais, il voulait faire connaître des artistes hors de la scène française. Aujourd’hui, il est membre de l’association Les amis des beaux-arts, dote chaque année un prix récompensant un étudiant de l’Ensba qu’il peut exposer ensuite, et dit ouvrir ses espaces dorénavant à davantage de jeunes artistes français. Dans ce marché à hauts risques du Monumental, il est tentant de se laisser griser par l’escalade des mètres carrés et des prix ou de s’affranchir de règles. Fort du pouvoir qu’il a conquis, Anselm Kiefer transgresse l’usage « un artiste – une ville – une galerie », puisque, fait inédit, c’est lui qui ouvrira en octobre les galeries des deux concurrents et signe donc deux expositions ambitieuses simultanément. Il sait bien trouver les mots pour s’enthousiasmer de ces nouveaux espaces, lui qui avait déployé ses œuvres l’année dernière dans les 5 440 m2 de White Cube Bermondsey, qui comme Hauser & Wirth ou Blain/Southern venaient de s’agrandir à Londres. Comme pour Londres, ces nouveaux investissements créent, en tout état de cause, une dynamique pour la capitale française – comme aussi peut être le nouveau projet « R4 » sur l’Île Seguin – et il serait regrettable que les autres galeries parisiennes, à leur échelle, ne s’y inscrivent pas. Le Comité des galeries d’art va fédérer ses adhérents pour organiser une Nocturne pendant la Fiac. En juin et juillet prochains, il veut s’associer au Palais de Tokyo qui invitera seize jeunes commissaires. Les galeries seraient conviées à emboîter le pas dans leurs murs. Initiatives louables, mais Paris et les artistes requièrent encore davantage.
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La nouvelle donne du Grand Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°374 du 7 septembre 2012, avec le titre suivant : La nouvelle donne du Grand Paris