Innovations commerciales

Les foires sont le problème des jeunes galeries, dit en substance Patrick Bongers dans l’entretien qu’il nous a accordé (lire p. 25). L’ex-patron du Comité professionnel des galeries d’art connaît bien son sujet et l’on comprend son propos. Il y a pourtant une autre façon de voir le « problème ». Ce ne sont pas les foires qui ont vidé les galeries de leurs visiteurs, ce sont certaines galeries qui ne se sont pas adaptées. Les foires sont au contraire une opportunité de développement, une parmi d’autres. Les auctioneers, qui effraient tant les marchands, innovent constamment et ne se privent pas d’aller sur le terrain des ventes privées tout en continuant à développer leur cœur de métier que sont les ventes aux enchères. Ces nouvelles recettes représentent maintenant de 16 % à 17 % du total du chiffre d’affaires de Christie’s ou Sotheby’s et affichent des progressions à deux chiffres. Le monde du commerce change à la vitesse d’Internet. Dans un autre domaine, qui aurait prédit il y a encore dix ans que l’on achèterait des vêtements sur le Web ? Plus de quarante ans se sont écoulés depuis la première Foire à Bâle. Participer à une foire est certes coûteux, mais il faut l’intégrer dans son compte d’exploitation. Il n’existe évidemment pas de modèle unique et une galerie peut parfaitement prospérer sans exposer dans un salon. De manière générale, les galeries du XXIe siècle doivent inventer en permanence de nouveaux outils commerciaux. Et peut-être réactiver les anciens programmes qui ont fait leurs preuves comme les vernissages communs. Des tentatives en ce sens ont lieu ici et là, mais elles échouent toutes devant l’esprit d’indépendance des galeristes. Emmanuel Fessy le rappelait dans l’une de ses chroniques publiées dans le Journal des Arts quand il appelait à un « Gallery Week-end » sur le modèle berlinois. Dans ce type d’initiative, c’est moins l’argent qui fait obstacle que les mentalités partisanes. Ce ne devrait plus être foire ou travail en galerie, mais foire et vernissage commun