À quelques jours de l’ouverture de la Fiac, à Paris, on ne peut qu’être saisi par le contraste entre l’enthousiasme qui entoure la foire commerciale et l’indifférence du grand public pour les grosses machines officielles que sont La force de l’art ou Monumenta lorsque ces dernières accueillent des artistes français. La Fiac attire, en quatre jours, presque autant de visiteurs que la triennale La force de l’art en un mois, et ce malgré un tarif d’entrée exorbitant (32 euros en 2011). Et alors que la Fiac entraîne, dans son sillage, nombre d’événements commerciaux ou non au point que Paris, en octobre, est devenu un grand rendez-vous international de l’art contemporain, les expositions d’État, qui se tiennent pourtant aussi au Grand Palais, sont loin d’avoir le même effet d’entraînement. L’explication ?
La foire est une manifestation privée qui fait intervenir une multitude d’agents et repose sur des recettes commerciales alors que Monumenta et La force de l’art sont organisées par une poignée d’institutionnels sur des fonds publics. Or, comme le relève le sociologue Alain Quemin (lire p. 30 et 31), ces institutionnels ont tendance à se comporter en idéologues esthétiques et à privilégier toujours les mêmes artistes. L’État lui-même a conscience des insuffisances du système, puisque l’indicateur de performance 131.1.1 de la mission Création repose justement sur « le renouvellement des bénéficiaires des dispositifs de soutien à la création ». L’histoire nous enseigne que lorsque la création est aux mains des apparatchiks comme ce fut le cas au XIXe siècle avec le salon officiel, l’art subventionné s’académise et c’est dans les salons des « refusés » ou des « indépendants » que le renouvellement s’opère. Que l’État soutienne les artistes français est tout à fait légitime et utile, mais il devrait en confier la mise en œuvre à des personnalités plus ouvertes à la diversité et moins hostiles aux jugements du marché de l’art.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°354 du 7 octobre 2011, avec le titre suivant : Indicateur de mission 131.1.1